La Déesse de Grattavache - Margelle

ent et son cœur se mit à battre la chamade. Ce qui s’esquissait plus lentement
devant ses yeux était une campagne. Il fut certain d’y reconnaître la tranquillité
de Grattavache, c’était très proche. Mais au centre de ce lieu paisible la Déesse
dessina un bras humain, déchiré. Du sang coulait d’un poignet transpercé. Et les
couleurs s’effacèrent. Se retirèrent du mur qui redevint blanc. Se retirèrent du
visage de la jeune femme qui chancela et prit appui sur le bras de Claude. Il ne
la reconnaissait pas, elle semblait souffrir horriblement.
- Que t’arrive-t-il ? questionna le maître de Grattavache très ébranlé. C’est
quoi ce spin solitaire ? Tu…
- Claude, l’interrompit-elle, tais-toi, ne dis rien. Je suis utilisée. Ce ne sont pas
mes pouvoirs, quelque chose veut sortir de moi.
- Tu as une idée ?
- Aucune. Je ne savais même pas que je pouvais dessiner. Je ne sais qu’une
chose…
Claude se figea et attendit. La jeune femme avait peine à parler.
- La prochaine fois, glissa-t-elle dans un souffle, ça sortira. Entièrement.
- De la musique cette fois ?
- Je ne crois pas, un acte.
- Et ça sera aussi violent ?
- Plus. J’en suis sûre. Je sais ce que ça sera.
Claude était sur des charbons ardents. Il avait peur des forces qui habitaient la
Déesse mais pour rien au monde il ne voulait l’abandonner. De tout son être il
tentait de la faire revenir à cette fragile, brouillonne humanité qui l’avait habité,
trop peu de temps. Il y avait toutefois une donnée, une loi, une sorte d’arche
invisible qui dominait toutes ces séquences et il savait ce que c’était.
- Je sais ce qui sortira de toi, dit-il résigné.
Les yeux de la Déesse s’éclairèrent. Elle lui sourit.
- Oui, Claude, tu le sais. Ce sera mon nom.
- Je vais savoir Qui je suis.
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