La Déesse de Grattavache - Margelle

Voulez-vous spinner avec moi ?
- Tu m’as secoué les Amériques, fit Claude qui dévisagea la Déesse avec une
certaine sévérité.
- Pas rien qu’un peu, rigola la divine, mais je t’ai aussi montré la beauté du
monde, un petit échantillon.
- Faut qu’on cause, reprit le grand. j’ai des questions, tu t’en doutes.
- Combien de questions ?
- Euh… deux, et plus.
- Ça me va, elle prit un air très doux, je suis à toi.
- Je dois d’abord me définir. Je suis, comme j’aime à le dire, un intellectruelle.
Un type qui travaille avec ses mains et ne se paie pas de mots incompréhensibles.
J’aime la terre, ma meute de setters irlandais, je suis doué pour bricoler.
Pas tant pour causer.
- C’est très joli ça, dit-elle avec une moue pensive, tu es un homme bien
accordé.
- Avec quoi ?
- Avec le monde, et tu te trompes sur ce que tu es vraiment. Pas grave, on va
en reparler.
Claude prit son courage à deux mains et se lança.
- Alors, première question, allons-nous avoir des relations sexuelles ?
- Oh ? Tu en as envie ?
- J’en sais foutre rien, mais si ton côté Déesse me bloquait pas, tu pourrais bien
relancer les réacteurs d’un type de soixante berges, et je ne suis pas tellement
documenté sur les relations entre humains et… disons demi-humains. Parce que
tu as des… pouvoirs vraiment très supérieurs à ceux des gens que je connais.
- Avant de te répondre, parlons un peu de moi. Des pouvoirs j’en ai, tu l’as
constaté en volant sur LA, en mourant avec ce jaguar et, simplement en me voyant
venir des Profondeurs de la Terre.
- Ça, fit Claude, c’est pas mon boulanger qui le ferait, ni même le facteur de
Grattavache. il ne vole que sur sa mobylettre et même pas si bien que ça, il s’est
démis l’épaule l’année dernière en se ramassant un gadin.
- J’ai des pouvoirs, reprit-elle, mais vois-tu, je suis sans mémoire. C’est fâcheux,
je ne sais rien de moi. Déesse ? N’est-ce pas toi qui, au chapitre premier de
cette histoire, as décrété qu’il y avait une Déesse à Grattavache ? Et que tu allais
la trouver ? Je ne suis peut-être qu’une émanation de ton “ça”, de tes pulsions
vitales instinctuelles, de ta libido…
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