La Déesse de Grattavache - Margelle
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Les couloirs et loges <strong>de</strong>s nains avaient fait place à un mon<strong>de</strong> d’étranges<br />
zébrures. Il y avait <strong>de</strong> la roche mais il y avait aussi <strong>de</strong> l’espace. Et ce vi<strong>de</strong> alvéolaire<br />
était animé <strong>de</strong> brèves décharges violettes et rouges, variant sans cesse. On<br />
percevait un roulement non point <strong>de</strong> tonnerre mais <strong>de</strong> hurlements, <strong>de</strong> foule en<br />
folie, un gron<strong>de</strong>ment colérique. Pas aussi fort que celui d’un volcan dans sa<br />
cheminée mais plus violent que le son d’une émeute.<br />
- Pas bon ça, remarqua Clau<strong>de</strong> dont les mains tremblaient légèrement, je<br />
croyais que la terre était pleine, stable, soli<strong>de</strong>, simple, pas habitée ou vi<strong>de</strong>,<br />
comme ce que je vois.<br />
- C’est juste un peu <strong>de</strong> symétrie, dit la <strong>Déesse</strong>. À l’extérieur il y a la ceinture<br />
<strong>de</strong>s astéroï<strong>de</strong>s. Et ça - elle balaya l’espace <strong>de</strong> sa petite main fine, si jolie, un bijou<br />
<strong>de</strong> chez fille, - ça, c’est la ceinture inférieure <strong>de</strong>s astéroï<strong>de</strong>s colère. <strong>La</strong> cave <strong>de</strong>s<br />
âmes. <strong>La</strong> partie cachée <strong>de</strong> ta détestable société. Je crains que ces passions ne<br />
soient affreusement négatives mais, c’est <strong>de</strong> la physique mon Clau<strong>de</strong>, la somme<br />
<strong>de</strong> leur négativité ne détruira que la race humaine laquelle aura préalablement<br />
détruit toute forme <strong>de</strong> vie sur cette planète et - tant qu’à faire - la planète aussi,<br />
restant entendu - c’est la bonne nouvelle ça ! - qu’il existe quelque part dans<br />
l’univers un total <strong>de</strong> positivité égal au total précé<strong>de</strong>nt, le contrebalançant à la<br />
perfection et équilibrant les forces noires rayonnées par les astéroï<strong>de</strong>s en colère<br />
que tu observes. Tu vois maintenant le mon<strong>de</strong> en énergie, Clau<strong>de</strong>, et ce n’est<br />
qu’un début. Bienvenue dans le sub psychisme terrestre.<br />
Clau<strong>de</strong>, effrayé, observait l’anneau <strong>de</strong>s astéroï<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s rocs, <strong>de</strong>s masques,<br />
<strong>de</strong>s âmes peut-être. Ça criait furieusement, il n’avait pas vraiment lu la Divine<br />
Comédie. L’eut-il fait qu’il se serait sur le champ comparé à un nouveau Dante<br />
guidé par un Virgile femelle. Quel pied ! Mais les profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la terre ne<br />
recélaient-elles que l’enfer humain ? Il posa la question.<br />
- Pas du tout, dit Samarcan<strong>de</strong> 3 , tout ce que tu vois n’est au fond que la poubelle<br />
enterrée du mon<strong>de</strong> sublunaire. Nous ne sommes pas si profond que ça. Il te<br />
reste bien <strong>de</strong>s choses à voir.<br />
<strong>La</strong> terre s’effaça subitement et Clau<strong>de</strong> se vit glisser sous une immense masse<br />
d’étoiles tournantes. C’était une galaxie spirale, c’était un bout du grand univers,<br />
le tout peut-être, il n’en savait rien. Il se découvrit ainsi inséré, avec la <strong>Déesse</strong>,<br />
dans l’immensément grand, dans l’un <strong>de</strong>s infinis. Il y avait autour d’eux une<br />
3 Jeu habituel, elle prend <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités généralement très volatiles.<br />
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