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Comme le feu, en bien pire, l’énergie atomique était un bon<br />
serviteur mais un très mauvais maître. L’homme l’avait libérée<br />
avant de savoir pleinement la maîtriser. En fait, le contrôle<br />
n’était pas encore, et ne serait probablement jamais, parfait. Il<br />
était vrai qu’à part une infime fraction d’un pour cent, la<br />
multitude de petits vortex dociles et autolimités étaient des<br />
serviteurs idéaux. Mais périodiquement, à de longs intervalles<br />
et pour une raison inconnue – la science savait si peu de choses,<br />
fondamentalement, de la réaction nucléaire – l’un d’eux<br />
flambait soudainement comme une nova pour se transformer<br />
en un énorme monstre autonome et sauvage. Il cessait d’être un<br />
serviteur et devenait alors un maître.<br />
Ces flamboiements étaient rares ; l’ennui, c’était que les<br />
vortex libres étaient totalement, dangereusement permanents.<br />
Ils ne s’apaisaient jamais ; et jamais on n’obtenait<br />
d’information. Chaque être vivant se trouvant dans le voisinage<br />
d’un flamboiement mourait ; tous les instruments, tous les<br />
objets matériels, dans un rayon de quelques centaines de<br />
mètres, fondaient dans le bouillonnement délétère en fusion de<br />
son entonnoir.<br />
Heureusement, le taux de croissance était lent, aussi lent,<br />
presque, qu’il était persistant. Mais, malgré tout, si l’on ne<br />
parvenait pas à régler bientôt la question des vortex libres, la<br />
situation deviendrait extrêmement grave. C’était d’ailleurs pour<br />
cette raison que l’on avait créé le laboratoire.<br />
Jusqu’à présent, on n’avait pas accompli grand-chose. <strong>Les</strong><br />
rayons tracteurs ne tenaient pas. Rien de matériel n’était<br />
efficace. <strong>Les</strong> presseurs marchaient plus ou moins, permettant de<br />
déplacer un vortex d’un point à un autre. Un ou deux, par<br />
chance pure, avaient été soufflés grâce à de puissantes charges<br />
de duodecaplylatomate. Mais le duodec avait causé de<br />
nombreuses morts et, comme il dispersait un vortex aussi<br />
souvent qu’il l’alimentait, le duodec provoquait beaucoup plus<br />
de dégâts qu’il ne palliait la menace.<br />
D’innombrables projets fantastiques avaient été proposés,<br />
bien entendu. Certains paraissaient presque pratiques. Certains<br />
avaient été mis à l’essai, d’autres l’étaient encore. Quelques-uns<br />
qui reparaissaient constamment, comme l’installation d’une<br />
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