RAVFTracfin_09082012
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Rapport d’activité Tracfin 2011<br />
Dans cette affaire, qui touche au versement de prestations<br />
sociales par une entité publique territoriale, on<br />
relève avant tout une faille dans le dispositif de contrôle<br />
interne. Ceci étant, un certain nombre de défaillances<br />
similaires sont régulièrement détectées par le service<br />
dans les dispositifs de versement d’aides sociales. Ainsi,<br />
Tracfin a identifié plusieurs types de fraude s’assimilant<br />
sur le plan pénal à des faits d’escroqueries et de faux et<br />
usages de faux. Il peut s’agir par exemple d’inscriptions<br />
multiples auprès de différents organismes sociaux par<br />
une seule personne sous plusieurs fausses identités en<br />
vue de percevoir diverses aides ou remboursements<br />
indus. Il peut s’agir également de la mise en cause de<br />
pratiques déviantes par un professionnel de santé<br />
facturant de nombreux actes fictifs auprès des caisses<br />
primaires d’assurance maladie.<br />
Les déclarants doivent donc se montrer particulièrement<br />
attentifs à l’égard des flux financiers émanant de<br />
structures à vocation sociale et qui, par leur nombre, leur<br />
Cas n° 5 : escroquerie, abus de confiance<br />
dans le cadre d’un système dit « pyramide<br />
de Ponzi » 10<br />
L’attention de Tracfin a été appelée sur des opérations<br />
financières atypiques réalisées du début de l’année<br />
2009 à la mi-2010 sur les comptes de Mme X, ancienne<br />
chargée de clientèle dans un établissement bancaire<br />
et employée par la société A en qualité de courtière en<br />
assurance au moment des faits.<br />
Sur cette période de référence, les comptes de Mme X<br />
ont été crédités pour un montant global représentant<br />
plus d’1,3 million d’euros, les flux créditeurs s’expliquant,<br />
pour l’essentiel, par de très nombreux virements et<br />
chèques émanant de particuliers.<br />
Les premières investigations ont mis à jour une<br />
incohérence entre les revenus déclarés par Mme X et<br />
(10) La pyramide de Ponzi est un circuit financier frauduleux qui consiste à<br />
rémunérer les investissements des clients au moyen des seuls fonds apportés<br />
par les nouveaux investisseurs. Il se fonde sur un principe d’investissements<br />
et de retour sur investissements.<br />
montant ou les caractéristiques de leurs bénéficiaires,<br />
ne paraissent pas a priori correspondre à la finalité<br />
théorique de ces paiements.<br />
Afin d’optimiser le dispositif national de lutte contre la<br />
fraude, le législateur a, du reste, décidé de faire figurer<br />
les différents organismes de protection sociale parmi les<br />
autorités susceptibles de recevoir des informations de<br />
Tracfin 9 . Cette nouveauté, cohérente avec l’élargissement<br />
intervenu en 2009 au profit de l’administration fiscale,<br />
devrait trouver ses premières applications dès 2012, et<br />
a, d’ores et déjà, donné lieu à la signature d’un protocole<br />
d’accord, sous l’égide de la Délégation nationale de lutte<br />
contre la fraude (DNLF) entre Tracfin et les principaux<br />
organismes de protection sociale susceptibles d’être<br />
destinataires de ce type d’informations.<br />
(9) Loi n° 2011-1906 du 21 décembre 2011 de financement de la<br />
Sécurité sociale pour 2012 codifiée dans le Code monétaire et<br />
financier par l’article L.561-29.<br />
les sommes reçues sur ses comptes bancaires, soit un<br />
montant 25 fois supérieur aux salaires et autres revenus<br />
déclarés. Au débit de ses comptes bancaires, on note<br />
également des mouvements atypiques, notamment :<br />
• plus de 90 000 euros de retraits en espèces, soit plus de<br />
6 000 euros par mois ;<br />
• des paiements par carte bancaire, pour plus de<br />
90 000 euros ;<br />
• de très nombreuses opérations réalisées dans des<br />
bijouteries, dans des magasins de maroquinerie ou<br />
d’habillement de luxe ;<br />
• des virements, pour un total supérieur à 330 000 euros ;<br />
• des émissions de chèques, à hauteur de 700 000 euros.<br />
Afin de justifier ces nombreuses opérations atypiques,<br />
tant au crédit qu’au débit, auprès des établissements<br />
gestionnaires de ses comptes, Mme X leur déclare qu’il<br />
s’agit principalement de prêts et de remboursements<br />
de prêts contractés avec des connaissances ou des<br />
membres de sa famille, voire de donations.