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Antonio das Mortes évolue sur le terrain partagé de trois champs de forces proches<br />
mais non strictement réductibles : l’histoire, le mythe et la politique. La puissance du<br />
propos naît de l’entrechoquement de ces trois dynamiques. […] Sans surprise, on est ici<br />
aux antipodes d’un cinéma engagé lénifiant ; Antonio das Mortes est un film de corps en<br />
mouvement (danses, combats, empoignades, embrassades…), de couleurs et de musiques<br />
éclatantes. La scène du combat d’Antonio et Coïrana en est un excellent exemple.<br />
Hormis un court métrage documentaire de commande, Antonio das Mortes est le premier<br />
film en couleur de Rocha. Et le cinéaste ne se prive pas d’utiliser les possibilités<br />
de cette nouvelle palette technique. Les ocres de ses paysages arides sont bariolés de<br />
taches de couleurs vives : la tunique rouge du nègre Saint-Georges/Oxossi, le chapeau,<br />
le foulard et les lèvres rouges de Coïrana, la robe mauve de Laura, la femme du colonel,<br />
ou le foulard rose d’Antonio… Bout d’étoffe dont la tension se retrouve au centre de la<br />
scène du duel, cordon ombilical, viscère textile flamboyant reliant les bouches des deux<br />
hommes, dansant et se battant – entre chorégraphie et boucherie – au milieu du chant<br />
obsédant des beatos – cette “musique du diable” inécoutable par le coronel et qu’il<br />
s’évertue donc à faire taire par ses sbires. Mais la musique ne se taira pas parce que<br />
le film de Rocha est fondamentalement – et comme peu d’autres films de l’histoire du<br />
cinéma – un film musical. Un film vraiment – profondément – musical. Pas des images<br />
auxquelles on aurait rajouté de la musique ni l’inverse, mais un film qui sans les musiques<br />
(musiques du folklore de Bahia et de Minas, música popular brasileira de Sergio<br />
Ricardo, musique contemporaine de Marlos Nobre, blues historiographiques et chansons<br />
de gestes nordestines…) qui le structurent, l’innervent et le font avancer, mourrait<br />
sur place.<br />
philippe delvosalle, www.lamediatheque.be<br />
O Drogão da Maldade contra O Santo Guerreiro, kortweg Antonio Das Mortes (1969) is het vervolg op<br />
Deus e o Diablo no Terra do Sol (1964), waarin we voor het eerst kennismaken met huurmoordenaar<br />
Antonio, die door grootgrondbezitters word ingelijfd om lastige onderdanen te elimineren. Al kiest hij dit<br />
keer uiteindelijk de kant van de arme landbouwers in hun strijd tegen de meedogenloze landeigenaars.<br />
Net als z’n voorganger speelt Antonio Das Mortes (1969) zich af in het dorre noordoosten van Brazilië.<br />
Ook omstandigheden en personages zijn gelijkaardig. De verwijzing naar de repressie van het dictatoriale<br />
regime mag duidelijk zijn. Het werd Glauber Rocha’s laatste kreet van verontwaardiging, voor hij<br />
Brazilië verliet en soelaas zocht in het buitenland. Een verbanning die tien jaar zou duren. Rocha werd<br />
voor Antonio Das Mortes bekroond als beste regisseur op het filmfestival van Cannes.<br />
11<br />
Antonio<br />
dAs mortes<br />
Glauber Rocha<br />
O dRAgãO dA mALdAde<br />
CONTRA O sANTO gueRReiRO<br />
Avec<br />
mAuRiCiO dO vALLe<br />
OdeTTe LARA<br />
OThON bAsTOs<br />
Brésil<br />
1969<br />
95’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques