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La Jetée est un film cultissime, un roman-photo de science-fiction en noir et blanc qui<br />
dure à peine une demi-heure : il a inspiré à Terry Gilliam son Armée des douze singes et<br />
à David Bowie le clip de Jump They Say. Ajoutons que La Jetée est également, dans le<br />
quartier de Shinjuku, un bar minuscule, créé en l’honneur du film, où Tokyoïtes et touristes<br />
viennent s’en jeter un depuis quarante ans. La Jetée raconte l’histoire d’un homme<br />
qui est obsédé par une scène de son enfance, un meurtre se déroulant sous ses yeux<br />
sur la “jetée” de l’aéroport d’Orly. Par ailleurs, après une guerre nucléaire, cet homme est<br />
envoyé depuis le futur dans le passé (soit dans le présent du film) pour tenter de changer<br />
le cours du futur. Dans le passé, c’est-à-dire dans le présent, il vit un début d’idylle...<br />
Non, pas besoin d’aspirine, le récit du film est beaucoup plus limpide que ma maladroite<br />
tentative de résumé : une façon poétique de prendre acte de la mélancolie fondamentale<br />
du cinéma, cet art du présent qui est toujours déjà un peu du passé.<br />
Le plus important n’est peut-être pas le scénario (encore qu’il y en ait peu d’aussi<br />
brillants et inventifs dans le cinéma contemporain) mais la façon dont Marker filme ce<br />
récit : une série de photos, parfois légèrement trafiquées, de la musique, une voix off,<br />
des silences... C’est pas du cinéma, direz-vous ? Le cinéma, il est justement entre ces<br />
images fixes, dans votre cerveau... Marker nous donne quelques éléments, très forts,<br />
très captivants, très puissants, et le reste, c’est à nous de le rêver. Essayez, vous verrez,<br />
c’est prodigieux. Vous qui n’avez jamais vu La Jetée, uno, je vous envie, deuzio, je vous<br />
garantis que vous n’avez jamais rien vu de tel au cinéma.<br />
serge kaganski, Les Inrockuptibles<br />
Chris Marker werd in 1921 in Frankrijk geboren als Christian François Bouche-Villeneuve. De naam<br />
Marker zou hij hebben ontleend aan de ‘Magic Marker’ pen. Marker is erg op z’n privacy gesteld: hij<br />
geeft geen interviews. Zijn portret is de foto van een kat. Marker gaat dit jaar zijn 6e decennium als filmmaker<br />
in. Tijd dus voor een overzicht. Het begon in 1960 met La Jetée, een kortfilm die meteen ook zijn<br />
enige echte fictiefilm is (en Terry Gilliam inspireerde voor 12 Monkeys, uit 1995). De film bestaat volledig<br />
uit een fotomontage, uitgezonderd één bewegend beeld. Niet echt een artistieke keuze, beweert<br />
Marker zelf. Hij kon tijdens de opnamen slechts één namiddag een filmcamera lenen. “Dit is het verhaal<br />
van een man getekend door een beeld uit zijn jeugd”. Zo begint de fotoroman. In een post WOIII wereld,<br />
vernield en uitzichtloos, gaat hij op zoek naar dat utopisch verleden.<br />
67<br />
lA jetÉe<br />
Chris Marker<br />
Avec<br />
dAvOs hANiCh<br />
héLèNe ChATeLAiN<br />
jACques LedOux<br />
France<br />
1962<br />
28’<br />
VO FR<br />
Marker