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Ce film-là, on y entre par effraction. Dès le premier plan, dans le sillage d’une caméra qui<br />
rôde autour de sa proie, on fait irruption dans la vie de Cosmo Vitelli. Sa vie ? Le Crazy<br />
Horse West, la boîte à strip-tease la plus minable de la côte Ouest. Film noir ? Si l’on s’en<br />
tient à l’intrigue – un homme cerné par un gang –, assurément. Mais d’un dépouillement<br />
absolu : à côté des mafieux de Cassavetes, ceux de Scorsese, même démystifiés, semblent<br />
folkloriques. Cosmo lui-même n’est qu’un petit besogneux de la nuit, un petit indépendant<br />
qui n’aurait pas la pointure, mais qui chercherait malgré tout, dans cet univers<br />
triste et sans glamour, à maintenir une parcelle de rêve. Comme Cosmo, Cassavetes<br />
aimait les coups de poker : chacun de ses films en était un. Au bout de la nuit, tout deux<br />
savent qu’il n’y a qu’ici que l’amour, et qu’ils n’ont rien d’autre à donner. Même s’ils laissent<br />
un meneur de revue, un pauvre clown, Mr Sophistication, le dire à leur place : “I can’t<br />
give you anything but love.”<br />
pierre murat, Télérama<br />
À de nombreux égards, ce film pourrait faire office de testament. Ce qui rend le personnage<br />
tragi-comique de Cosmo si émouvant, c’est son statut d’alter ego du réalisateur :<br />
impresario et figure paternelle d’une troupe minable (voir les acteurs et l’équipe de tournage<br />
de Cassavetes) qui doit composer avec sa morale pour garder sa petite famille<br />
à flot (voir la carrière d’acteur hollywoodien de Cassavetes). Peter Bogdanovich utilisa<br />
Gazzara dans un rôle semblable pour Jack le magnifique mais, aussi bon que soit ce<br />
film, il n’a pas la chaleur et la délicatesse de la sombre comédie de Cassavetes.<br />
jonathan rosenbaum, 1001 Films<br />
Met The Killing of a Chinese Bookie (1976) waagde John Cassavetes zich aan het misdaadgenre. Niet<br />
meteen een instant succes. Noch de eerste versie, noch de tweede – twee jaar later opnieuw gemonteerd<br />
en ingekort – werd een commercieel succes. Nochtans is dit toch meer een persoonlijke, doorleefde<br />
karakterstudie dan een film noir. Cosmo Vitelli (Ben Gazarra, wel vaker op post in Cassavetes’<br />
films) is de charismatische eigenaar van een striptent in Los Angeles. Door zijn gokdrift raakt hij diep<br />
in de schulden. De enige manier om zijn rekening te vereffenen, is een Chinese bookmaker om zeep<br />
helpen. Wat het personage van Gazzarra ontroerend maakt, is de relatie met zijn alter ego, de filmmaker<br />
(er zijn wel meer verwijzingen naar Cassavetes, zijn manier van werken en zijn entourage), die zijn<br />
moraal geweld moet aandoen om zijn ‘familie’ (een allegaartje van showbizzlui) vlottende te houden.<br />
77<br />
the killing<br />
of A Chinese<br />
bookie<br />
John Cassavetes<br />
meuRTRe d’uN bOOkmAkeR ChiNOis<br />
Avec<br />
beN gAzzARA<br />
TimOThy CARey<br />
seymOuR CAsseL<br />
États-Unis<br />
1976<br />
110’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Cassavetes