Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Réalisé en 1979 par Helma Sanders-Brahms, ce film provoque, aujourd’hui encore, un<br />
choc insensé. Non qu’on y apprenne quoi que ce soit de nouveau sur la Seconde Guerre<br />
mondiale, ou sur l’Allemagne. Ce qui saisit, c’est la frontalité et l’audace avec lesquelles<br />
la cinéaste aborde, d’une manière éminemment subjective, la période la plus noire de<br />
l’histoire de son pays, qui est aussi celle qui l’a vue naître.<br />
Allemagne, mère blafarde se déroule en deux parties. Dans la première, la future mère<br />
de Helma Sanders-Brahms, à l’écran Eva Mattes, rencontre son mari, qui est très vite<br />
envoyé au front. Elle accouche seule, élève seule son bébé, puis se jette sur les routes de<br />
l’Allemagne en ruines. Malgré des conditions de vie misérables, elle va connaître, pendant<br />
que l’horreur de la Shoah dévaste le hors-champ, l’ivresse de la liberté. Sur fond de<br />
paix restaurée, la seconde partie associe l’écrasante culpabilité des survivants du Reich<br />
avec la recomposition de la famille et le retour de l’ordre patriarcal.<br />
isabelle regnier, Le Monde<br />
Avant d’être tout ce qu’il est aussi – un film de femme, un film sur l’Histoire, un film<br />
allemand –, Allemagne, mère blafarde est un beau film qui renoue avec cette vérité<br />
première, un peu oubliée : que le cinéma est avant tout, par vocation, un art de la singularité.<br />
C’est d’ailleurs le sujet même d’Helma Sanders, le défi de la singularité à toutes<br />
les illusions de la maîtrise et du savoir sur l’Histoire. […] La matière première, si j’ose dire,<br />
de la singularité au cinéma, a toujours été le corps de l’acteur. Aussi la pauvreté relative<br />
de la production finit-elle par servir le film en contraignant Helma Sanders à centrer<br />
rigoureusement le filmage sur ses acteurs, remarquablement choisis. Le véritable travail<br />
de la cinéaste a été de filmer quelques états différents de ces corps dans la traversée<br />
de l’Histoire.<br />
alain bergala, Cahiers du cinéma<br />
1939. Hans (Ernst Jacobi, die recent zijn stem leende aan de oude leraar in Das weisse Band van<br />
Michael Haneke), de kersverse echtgenoot van Lene (een uitstekende Eva Mattes) vertrekt naar het<br />
Duitse front. Lene overleeft de oorlogsjaren, maar krijgt na de capitulatie van Duitsland een verbitterde<br />
en brutale echtgenoot terug, waarmee het zeer moeilijk samenleven is. Regisseur Helma Sanders-<br />
Brahms, geboren in 1940, baseert zich voor verschillende van haar films op de ervaringen van haar<br />
eigen moeder tijdens en na de oorlog. Zo ook voor Deutschland, Bleiche Mutter (1980), waarvan ze de<br />
titel ontleent aan de eerste regel uit Bertold Brecht’s gedicht Deutschland, uit 1933. Niet meteen een<br />
thema waar je vrolijk van wordt, maar zeer zeker een beklijvend, persoonlijk eerbetoon aan de kracht<br />
van een vrouw. De stem op de voice-over is die van Sanders-Brahms.<br />
9<br />
AllemAgne,<br />
mère blAfArde<br />
Helma<br />
Sanders-Brahms<br />
deuTsChLANd bLeiChe muTTeR<br />
Avec<br />
evA mATTes<br />
eRNsT jACObi<br />
eLisAbeTh sTepANek<br />
RFA<br />
1980<br />
123’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques