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Film révéré aux États-Unis, The Shop Around the Corner fut longtemps invisible en<br />
France avant sa triomphale réédition en 1985. Chef-d’œuvre absolu mais atypique, aux<br />
antipodes de la sophistication luxueuse qui caractérisait alors Lubitsch, il s’agit moins<br />
d’une rupture de ton que d’un retour aux sources. Le cinéaste revient à la miniature<br />
boutiquière de ses débuts. Délicat, modeste, limité tant en ambition qu’en décor, ce film<br />
forme avec Le ciel peut attendre et Cluny Brown une trilogie nuancée où la Lubitsch touch<br />
dernière manière se pare d’accents élégiaques, de tendres demi-teintes. Magistrale, la<br />
mise en scène tend vers l’invisible. Lubitsch passe moins de temps à ironiser derrière les<br />
portes ; la précision du cadrage et de la matière temporelle enchantent sans se montrer,<br />
et l’emportent sur le goût d’afficher la virtuosité : comme si la mise en scène elle-même<br />
était devenue une ellipse lubitschienne. La justesse et la parcimonie des mouvements<br />
de caméra mériteraient d’être étudiées dans le détail, tant le réglage en est minutieux, de<br />
la première séquence, où la caméra va saisir chacun des employés pour l’accompagner<br />
à l’entrée de la boutique, jusqu’à la dernière qui, pour signifier l’intimité naissante du<br />
couple, passe très progressivement du plan d’ensemble au champ-contrechamp serré.<br />
Le scénario est à la hauteur de cette perfection formelle, ne sacrifiant aucun personnage<br />
à la description du groupe, assumant toutes les fluctuations du récit, que celui-ci se<br />
nimbe d’émotion ou s’enrichisse de pirouettes comiques. Fable sur le comportement<br />
humain, le film s’efforce de comprendre chacun sans épargner personne : flagornerie,<br />
servilité, abus de petit patron, opportunisme sont épinglés, mais masquent la peur de la<br />
solitude et engendrent paradoxalement la générosité, la tolérance et la reconnaissance.<br />
Pessimisme individuel et optimisme social : le film prend le contre-pied de Ninotchka, ou<br />
en fournit le complément.<br />
n.t. binh et christian viviani, Lubitsch<br />
Een jaar nadat hij Ninotchka maakte, met Greta Garbo, regisseerde Ernst Lubitsch The Shop Around the<br />
Corner (1940). Deze komedie, die zich afspeelt in Boedapest, is meer ingelopen dan andere films, maar<br />
even schalks gesofisticeerd. Maar daarom niet minder charmant. James Stewart en Margaret Sullavan<br />
zijn pennenvrienden die, zonder het van elkaar te weten, co-workers worden in het warenhuis van de<br />
bazige, maar goedmenende meneer Matuchek (een heerlijke Frank Morgan). Zo goed als Klara en Frank<br />
op papier met elkaar opschieten, zo vliegen ze elkaar in de zaak op regelmatige basis in de haren. Dat<br />
levert vaak hilarische oneliners op als ‘Ik denk dat mensen die naar snoep luisteren en muziek roken<br />
deze muziekdoos geweldig zullen vinden’! Alles verandert als Frank de identiteit van zijn pennenvriendin<br />
ontdekt. Vaak geïmiteerd, denk maar aan You’ve Got Mail (1998 van Nora Ephron, met Tom Hanks en<br />
Meg Ryan) maar nooit geëvenaard!<br />
25<br />
the shop<br />
Around<br />
the Corner<br />
Ernst Lubitsch<br />
Avec<br />
jAmes sTewART<br />
mARgAReT suLLAvAN<br />
fRANk mORgAN<br />
États-Unis<br />
1940<br />
99’<br />
VO ST.BIL<br />
Classiques