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En décembre 1955, Max Ophuls présentait au public parisien Lola Montès qui n’eut pas<br />
l’heur de plaire. Retiré de l’affiche, Lola Montès a été montré ensuite, monté et doublé<br />
de différentes façons. Les efforts de la Cinémathèque française ont permis de redonner<br />
vie à un film très proche de la version que voulut Ophuls. Ce qui ne suffira pas à dissiper<br />
un parfum de malédiction. Bien sûr, les spectateurs d’aujourd’hui seront moins déroutés<br />
par la chronologie désarticulée du récit, par la violence chromatique des images. Mais<br />
ce qui fit fuir les spectateurs du Marignan, il y a plus d’un demi-siècle, effraie encore<br />
aujourd’hui. La déchéance livrée en pâture de la célèbre courtisane du XIXe siècle, le trafic<br />
marchand des sentiments et du plaisir restent des objets de scandale qu’Ophuls met<br />
en scène avec violence, dans une fièvre qui confine parfois au délire, sans prétendre à la<br />
compassion. C’est le plus malheureux et le moins aimable des chefs-d’œuvre. […]<br />
Quand il filme le cirque, Max Ophuls fait cavaler des nains peints en rouge, galoper des<br />
écuyères légèrement vêtues dans un charivari permanent qui tourne autour d’une figure<br />
immobile, celle de Lola, qui tient à peine debout et s’exprime d’une voix inaudible. […]<br />
Cet enfer n’est pas celui qui guette les filles perdues. C’est celui où l’amour et l’argent<br />
s’échangent indifféremment, où la célébrité est une marchandise. Ophuls avait appris<br />
à connaître Hollywood (le cirque de Lola est américain), où il s’était exilé pendant la<br />
Seconde Guerre mondiale, et l’on peut discerner dans Lola Montès une parabole du viol<br />
de la culture et de l’histoire européenne par le show-business américain. Ce n’est qu’un<br />
contre-chant. Lola Montès est avant tout le récit d’une agonie. C’est le dernier film de<br />
Max Ophuls, mort deux ans plus tard.<br />
thomas sotinel, Le Monde<br />
Lola Montès (1955) bleek bij de première zoveel heisa te veroorzaken dat de film opnieuw werd gemonteerd.<br />
Eerder stukgeknipt, volgens verbolgen regisseur Max Ophuls. Het zou tot 1968, elf jaar na zijn<br />
dood, duren voor zijn werk in ere werd hersteld. In 2008 gebeurde dat zelfs in volle glorie met een<br />
volledig gerestaureerde versie. Lola Montès, blijkbaar echt bestaan, draaide hopen mannen rond haar<br />
mooie vingertje en deed zelfs ongewild aan politiek op hoog niveau toen ze de koning van Beieren<br />
versierde. Later op haar leven wordt Lola echter gedegradeerd tot circusattractie die door ringmeester<br />
Peter Ustinov als mannenverslindster aan het publiek wordt gesleten. Regisseur Ophuls was geen<br />
fan van Martine Carol, die hij ‘niet talentvol’ en ‘leeghoofdig’ noemde, maar moest haar wel als Lola<br />
accepteren, omdat hij zonder haar deze peperdure superproductie niet gefinancierd kreeg. Het werd<br />
zijn laatste film.<br />
61<br />
lolA montès<br />
Max Ophuls<br />
Avec<br />
mARTiNe CAROL<br />
peTeR usTiNOv<br />
ANTON wALbROOk<br />
France-RFA-Luxembourg<br />
1955<br />
116’<br />
VO FR ST.NL<br />
Nossiter