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Esquissant en creux le portrait de son père disparu, portant à bout de caméra un lent<br />
travail de deuil, se retournant enfin sur une histoire familiale lourde de secrets, la réalisatrice<br />
du Bateau du père n’a, c’est le moins qu’on puisse dire, pas eu froid aux yeux. Sa<br />
manière de filmer les membres de sa famille, de les écouter parler et se taire, de respecter<br />
toujours leur propre rythme, en dit long à la fois sur son évidente bienveillance et sur<br />
sa ténacité à aller jusqu’au bout des choses, des sentiments, des non-dits. Les secrets<br />
de famille, aussi durs soient-ils, ne sont révélés que progressivement au spectateur,<br />
sans jamais chercher l’effet dramatique. Passant finalement au second plan, ils laissent<br />
l’avant de la scène à un subtil travail de reconstruction du tissu familial. À cet égard,<br />
Le Bateau du père fait figure de modèle car il est une leçon de parole. Et si cette prise<br />
de parole peut paraître exemplaire, c’est parce qu’elle est saisie dans une forme – une<br />
mise en image très personnelle, un montage inventif, une bande sonore travaillée – qui<br />
la grandit, la rend porteuse d’une humanité qui dépasse, et de beaucoup, les anecdotes.<br />
On est loin du déballage obscène que les télévisions nous infligent sous prétexte<br />
de témoignage, en réalité à seule fin d’exploiter à des fins mercantiles la naïveté des<br />
témoins et le voyeurisme des téléspectateurs. D’ailleurs, il m’étonnerait – je forme le vœu<br />
de me tromper – que Le Bateau du père trouve facilement place dans les programmes<br />
des chaînes généralistes. Ce film-là est d’une autre trempe. Son propos comme sa mise<br />
en scène du réel forcent plus le silence et le retour sur soi que le divertissement ou l’embarras<br />
qu’engendre généralement le spectacle de la difficulté à vivre des autres.<br />
olivier smolders<br />
Hoe pijnlijk de autopsie op film van het eigen familieverleden of de familiale erfenis kan zijn, wordt perfect<br />
geïllustreerd in Le Bateau du père. Cineaste Clémence Hébert keert terug naar haar geboortestad<br />
Cherbourg voor zowel een soort rouwproces als een portret van haar verdwenen vader, een fotograaf<br />
met alcoholproblemen die omkwam bij een brand. Als een archeologe gaat ze er aan het werk, vertrekkend<br />
van enkele foto’s, een paar aan haar gerichte brieven vol wanhoop van haar vader en videobanden<br />
met familiale taferelen. Het is het sleutelmateriaal waarmee ze naar haar moeder trekt, haar broer,<br />
tweelingzus en oma. Om te peilen naar hun herinneringen, gevoelens en de donkere familiegeheimen.<br />
En om de stiltes te laten spreken. Dat Hébert er tegelijk in slaagt om elke vorm van exhibitionisme of<br />
voyeurisme te mijden, maakt deel uit van het mirakel van deze documentaire verlossingsfilm.<br />
95<br />
le bAteAu<br />
du père<br />
Clémence Hébert<br />
Belgique<br />
2009<br />
75’<br />
VO FR<br />
01.07.10 - 19h00<br />
en PrésenCe de la réalisatriCe<br />
retrouvez la vidéo<br />
de la renContre<br />
sur www.arenberg.be<br />
Docu