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Retour en Avant / Past Forward Biennale de la Danse Lyon - France

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Entreti<strong>en</strong>avec Guy Darmet, Directeur artistiqueLa Bi<strong>en</strong>nale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Danse</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> fête ses vingt-cinq ans avec 17créations <strong>en</strong> coproduction, 9 premières françaises, 42 compagniesoriginaires <strong>de</strong> 19 pays. 600 artistes vi<strong>en</strong>dront <strong>de</strong> Pékin, Helsinki,Montréal, Sao Paolo, Taïpei, Ouagadougou et <strong>de</strong> toute l’Europe…Il y aura 4500 participants au Défilé et vous att<strong>en</strong><strong>de</strong>z plus <strong>de</strong>85 000 spectateurs... A l’occasion <strong>de</strong> cette bi<strong>en</strong>nale–anniversaire,ces chiffres vous font-il pr<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> mesure du chemin parcouru ?Ces chiffres révèl<strong>en</strong>t le succès d’une formidable av<strong>en</strong>ture initiéedans le quartier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rousse, celui <strong>de</strong> mon <strong>en</strong>fance, où <strong>en</strong>1980, année phare et explosive pour <strong>la</strong> danse française est née <strong>la</strong>première Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Danse</strong>, suivie <strong>de</strong> <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale <strong>en</strong>1984. Une histoire issue d’un rêve et d’une volonté <strong>de</strong> casser l’imageélitiste <strong>de</strong> <strong>la</strong> danse et <strong>de</strong> lui r<strong>en</strong>dre sa juste p<strong>la</strong>ce, celle d’un artpopu<strong>la</strong>ire.Les <strong>de</strong>ux structures se sont nourries mutuellem<strong>en</strong>t et si <strong>la</strong> Maison<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Danse</strong> compte aujourd’hui plus <strong>de</strong> 15 000 abonnés, c’est quebeaucoup d’<strong>en</strong>tre eux ont vu pour <strong>la</strong> première fois un spectacle <strong>de</strong>danse lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale. Cet événem<strong>en</strong>t a ainsi trouvé son territoireidéal à <strong>Lyon</strong>, où les habitants se sont appropriés <strong>la</strong> manifestationet ouverts à une diversité <strong>de</strong> styles et d’écritures : du balletau f<strong>la</strong>m<strong>en</strong>co, du hip-hop aux propositions les plus avant-gardistesprivilégiant le ress<strong>en</strong>ti et l’émotion. Cette ouverture d’esprit et <strong>de</strong>regard a séduit <strong>de</strong> nombreux professionnels qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t désormaisdu mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier découvrir les créations multiples qui jalonn<strong>en</strong>t cestrois semaines où l’agglomération est véritablem<strong>en</strong>t investie par <strong>la</strong>danse.La question du « retour <strong>en</strong> avant » est le fil rouge <strong>de</strong> cette Bi<strong>en</strong>nale.Est-ce une façon <strong>de</strong> supposer que l’écriture chorégraphique n’estpas seulem<strong>en</strong>t une trace du passé mais aussi un espace permettantd’ouvrir <strong>de</strong>s voies nouvelles ?La Bi<strong>en</strong>nale doit donner <strong>de</strong>s clés au public avec <strong>de</strong>s spectacles rigoureux,généreux et <strong>de</strong>s histoires fortes. La mémoire est une préoccupationess<strong>en</strong>tielle. Et comme le dit avec humour Jérôme Bel : « Nuln’est sorti <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisse <strong>de</strong> Jupiter ».Notre <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t est le même <strong>de</strong>puis 1984. Rappelons que les troispremières éditions ont été consacrées à l’histoire <strong>de</strong> l’expressionnismeallemand, à quatre siècles <strong>de</strong> danse <strong>en</strong> <strong>France</strong> et à <strong>la</strong> dansemo<strong>de</strong>rne américaine. Ces questions liées à l’histoire et à <strong>la</strong> tradition<strong>en</strong> constante évolution sont celles qui travers<strong>en</strong>t aujourd’hui lespièces <strong>de</strong> nombreux chorégraphes : Olga <strong>de</strong> Soto avec « Le jeunehomme et <strong>la</strong> mort », W<strong>en</strong> Hui qui ose interroger, à <strong>la</strong> veille <strong>de</strong>sjeux olympiques, <strong>la</strong> révolution culturelle chinoise, le singapouri<strong>en</strong>Ong K<strong>en</strong> S<strong>en</strong> qui refuse d’oublier que les khmers rouges ont vouludétruire <strong>la</strong> tradition du Ballet royal du Cambodge, Angelin Preljocajqui r<strong>en</strong>oue avec le conte et le merveilleux <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nche Neige, ouMatteo Levaggi <strong>en</strong> quête <strong>de</strong> nouvelles formes à partir <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s duballet…et ce sont toutes <strong>de</strong>s créations, <strong>de</strong>s visions nouvelles.Comm<strong>en</strong>t cette Bi<strong>en</strong>nale <strong>en</strong> forme d’inv<strong>en</strong>taire et <strong>de</strong> bi<strong>la</strong>n faitellevivre concrètem<strong>en</strong>t ces questions et continue-t-elle d’écrire auprés<strong>en</strong>t l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> danse tout <strong>en</strong> construisant l’av<strong>en</strong>ir ?Cette Bi<strong>en</strong>nale ouvre sur les notions <strong>de</strong> répertoire contemporain,<strong>de</strong> transmission et d’exemp<strong>la</strong>rité. Une manière <strong>de</strong> continuer à fairevivre <strong>de</strong>s chorégraphes disparus comme Dominique Bagouet, dontles Petites pièces <strong>de</strong> Berlin, prés<strong>en</strong>tées à <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale <strong>en</strong> 1988, sontrecréées par le Ballet <strong>de</strong> Lorraine et <strong>de</strong> faire ressurgir <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>tsforts comme le tropicalisme brésili<strong>en</strong> <strong>de</strong>s années 1960. C’estaussi <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> montrer les performances <strong>de</strong> <strong>la</strong> pionnière AnnaHalprin longtemps c<strong>en</strong>surées et que le public découvrira ici dansleur intégralité.S’attacher à l’idée du « retour <strong>en</strong> avant », c’est <strong>en</strong>core invitercomme une évid<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong>s chorégraphes qui, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s fidélitésont marqué l’histoire <strong>de</strong>s Bi<strong>en</strong>nales : Ronald K. Brown, aujourd’huitrès digne successeur d’Alvin Ailey et que l’on retrouve 18 ansaprès <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale américaine, Suzanne Linke et ses soli bouleversants<strong>de</strong> l’édition alleman<strong>de</strong>, Montalvo-Hervieu colleurs d’image etinv<strong>en</strong>teurs <strong>de</strong> rêve. Et Carolyn Carlson, bi<strong>en</strong> sûr, qui a tant œuvrépour faire aimer <strong>la</strong> danse contemporaine au grand public. Un <strong>de</strong>sévénem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale sera <strong>la</strong> recréation <strong>de</strong> son solo mythiqueBlue Lady, une pièce qu’elle va transmettre à un danseur d’exception,le fin<strong>la</strong>ndais Tero Saarin<strong>en</strong> que l’on retrouvera aussi chorégrapheinspiré <strong>de</strong> ses propres av<strong>en</strong>tures. Mais c’est aussi le visionnaireWayne McGregor et sa fascination pour les sci<strong>en</strong>ces et le « corpstechnologique ».En même temps, l’actualité du mon<strong>de</strong> semble avoir une forte incid<strong>en</strong>cesur <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale... Selon vous, il n’y a pas <strong>de</strong> création chorégraphiquequi puisse se développer <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors d’un contexte ?Ce qui se passe dans cette Bi<strong>en</strong>nale va bi<strong>en</strong> au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> dansecomme l’indique assez <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s sujets. Serge Aimé Coulibalyrevi<strong>en</strong>t avec une pièce qui convoque quatre gran<strong>de</strong>s figureshistoriques <strong>de</strong> l’Afrique contemporaine - Patrice Lumumba, ThomasSankara, Kwamé Nkrumah et Nelson Man<strong>de</strong><strong>la</strong> -, figures qui ont oséinv<strong>en</strong>ter l’av<strong>en</strong>ir et à qui <strong>la</strong> jeunesse peut s’id<strong>en</strong>tifier pour continuerd’espérer. La danse, fondée sur <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avec l’autre, peut toutdire et créer du li<strong>en</strong>, elle ouvre un espace d’échange et <strong>de</strong> dialogue.Durant <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale, les artistes sont là et les r<strong>en</strong>contres ont lieu,rapprochant les peuples. C’est lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> précéd<strong>en</strong>te Bi<strong>en</strong>nale queMourad Merzouki a r<strong>en</strong>contré les jeunes cariocas <strong>de</strong> <strong>la</strong> CompanhiaUrbana <strong>de</strong> Dança pour qui il crée aujourd’hui une pièce <strong>en</strong> forme <strong>de</strong>trait d’union <strong>en</strong>tre nos cités et les fave<strong>la</strong>s. Les pièces high-tech, lescapteurs, sont aussi le signe que notre mon<strong>de</strong> est régi par l’imageet <strong>la</strong> communication. On ne peut pas faire abstraction du mon<strong>de</strong>qui nous <strong>en</strong>toure et les artistes d’aujourd’hui <strong>en</strong> ont pleinem<strong>en</strong>tconsci<strong>en</strong>ce. Ils sont à <strong>la</strong> fois témoins et passeurs.Des r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>tre artistes v<strong>en</strong>us <strong>de</strong>s quatre coins du mon<strong>de</strong>,mais aussi <strong>de</strong>s r<strong>en</strong>contres suscitées avec les habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ville <strong>de</strong><strong>Lyon</strong> ?« <strong>Danse</strong> <strong>la</strong> ville » était le thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> précéd<strong>en</strong>te édition. Mais<strong>la</strong> danse dans l’espace public est un combat que je mène <strong>de</strong>puistoujours pour que <strong>la</strong> danse d’aujourd’hui puisse être au coeur <strong>de</strong>chaque quartier <strong>de</strong> l’agglomération. Des bals et <strong>de</strong>s créations sontspécialem<strong>en</strong>t conçus pour <strong>la</strong> ville, pour <strong>la</strong> rue, comme celui <strong>de</strong> <strong>la</strong>Compagnie Projet in situ, <strong>de</strong> Yuval Picq, du théâtre du Mouvem<strong>en</strong>tou <strong>de</strong> Paul André Fortier qui offrira à <strong>la</strong> même heure, dans le mêmelieu, p<strong>en</strong>dant 30 jours une performance <strong>de</strong> 30 minutes. Et puisbi<strong>en</strong> sûr, le Défilé, r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous emblématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bi<strong>en</strong>nale, quiest une façon d’aller plus loin dans cette expéri<strong>en</strong>ce. Il s’agit d’undésir intact <strong>de</strong> faire <strong>la</strong> fête, <strong>de</strong> partager et <strong>de</strong> se retrouver à travers<strong>la</strong> danse. Quant aux générations futures, nous leur proposons unnombre important <strong>de</strong> spectacles jeune public, 34 cette année. Ces<strong>en</strong>fants sont le public <strong>de</strong> <strong>de</strong>main et les clés que nous leur offrons,une chance pour l’av<strong>en</strong>ir.Propos recueillis par Isabelle Danto6

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