7.1 La France, carrefour <strong>de</strong>s flux en EuropeAu centre <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Ouest, la France est un carrefour naturel entre les Iles Britanniques au nordouest; le Benelux et l’Allemagne, la Suisse et l’Italie au nord-est et au sud-est <strong>de</strong> part et d’autre <strong>du</strong> cordonalpin ; et la péninsule ibérique au sud-ouest. La géographie comman<strong>de</strong>, et il est ainsi naturel que cesquatre gran<strong>de</strong>s directions structurent historiquement quatre gran<strong>de</strong>s régions d’intégration <strong>de</strong>s réseaux àl’échelle européenne 34 autour <strong>de</strong> la France.En moins d’une décennie, le système a connu un double changement d’échelle : quelques années enarrière, le parc <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction était majoritairement constitué <strong>de</strong> centrales thermiques ventilées <strong>de</strong> façonrelativement homogène sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire européen, avec, pour fixer les idées, <strong>de</strong>s puissances et<strong>de</strong>s distances caractéristiques <strong>de</strong> l’ordre respectivement <strong>de</strong> 1 GW et 100-300 km ; désormais, avec <strong>de</strong> trèsfortes concentrations <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction solaires et éoliens en Espagne, en Allemagne, en Italie etbientôt en France et au Royaume Uni, ou une consommation française très sensible aux vagues <strong>de</strong> froid, lesystème peut <strong>de</strong>voir faire face à <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> puissance <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 GW qui peuvent ainsi influersur les transits à 1 000 ou 2 000 km <strong>de</strong> leur épicentre. Ces variations sont mesurables, prévisibles, et lesgestionnaires <strong>de</strong> réseau se donnent les moyens d’anticiper et gérer ces situations 35 . Il faut cependant queles capacités d’interconnexion permettent effectivement <strong>de</strong> distribuer <strong>de</strong>s surplus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctionrenouvelable, peu, pas ou moins carbonée et meilleur marché aux territoires voisins 36 . Ces capacitésd’interconnexions <strong>de</strong>vront être d’autant plus importantes qu’il s’agira <strong>de</strong> transporter <strong>de</strong> l’énergie sur <strong>de</strong>sdistances plus longues 37 . Les projets <strong>de</strong> développement d’énergies renouvelables hors sol européen (enmer <strong>du</strong> Nord, au Sahara...) constituent ainsi <strong>de</strong>s défis à relever.Le graphe ci-<strong>de</strong>ssous compare les puissances installées pour chaque filière <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s pays voisins<strong>de</strong> la France 38 et leur consommation typique en milieu <strong>de</strong> journée en janvier. Ces données sont celles <strong>du</strong>rapport Scenario Outlook & A<strong>de</strong>quacy Forecast (SOAF) publié par ENTSOE en janvier 2011, à l’horizon 2020pour le scénario 202020 s’appuyant sur les Plans d’Action Nationaux Energies Renouvelables communiquéspar les Etats Membres à la Commission européenne. Elles montrent une toujours très gran<strong>de</strong> importance<strong>de</strong>s énergies fossiles dans le mix 39 , et s’agissant <strong>de</strong>s énergies émettant peu ou pas <strong>de</strong> CO 2 (énergiesrenouvelables et nucléaire), une très gran<strong>de</strong> complémentarité entre les pays. Avec le déclassement34 Avec le développement <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction éolienne en mer <strong>du</strong> nord et d’un réseau off-shore, ENTSOE fait travailler au sein <strong>du</strong> « Groupe RégionalMer <strong>du</strong> Nord » France, Royaume-Uni, Irlan<strong>de</strong> et les pays <strong>du</strong> Forum Pentalateral (France Benelux Allemagne), auxquels se joignent l’Autriche et laNorvège. La France appartient à <strong>de</strong>ux autres groupes régionaux : « Sud Ouest » (avec Espagne et Portugal) et « Centre Sud » (avec l’Italie et sesautres voisins).35 C’est ainsi que <strong>RTE</strong> et Elia, rejoints <strong>de</strong>puis par d’autres gestionnaires <strong>de</strong> réseau européens, ont créé Coreso pour anticiper les flux sur le réseau àl’échelle <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Ouest.36 L’Espagne connaît ainsi <strong>de</strong>s situations où <strong>de</strong>s éoliennes doivent être déconnectées et <strong>de</strong> l’énergie « gratuite » est ainsi per<strong>du</strong>e faute <strong>de</strong> capacitéd’export suffisante. Les Iles Britanniques risquent <strong>de</strong> connaître <strong>de</strong>main ces mêmes difficultés si leurs capacités d’échange ne sont pas augmentées.A contrario, les pompes à chaleur, qui permettent très efficacement <strong>de</strong> limiter la consommation <strong>de</strong> ressources primaire pour le chauffage et laclimatisation, contribuent à accentuer la sensibilité <strong>du</strong> système électrique aux températures froi<strong>de</strong>s l’hiver, chau<strong>de</strong>s l’été. La France dès aujourd’hui(l’Allemagne peut-être <strong>de</strong>main ?) <strong>de</strong>vra ainsi donc disposer <strong>de</strong> capacités d’importation adaptées.37 Emerge aujourd’hui l’idée d’un surpergrid, à l’horizon 2030 ou 2050, tra<strong>du</strong>isant un nécessaire changement d’échelle.38 Il faut gar<strong>de</strong>r en mémoire que ces valeurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction installée ne représentent pas la capacité <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction librement mobilisable à toutinstant : celle-ci dépend principalement <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong>s ressources primaires pour les énergies renouvelables (précipitations, vent,ensoleillement) et <strong>de</strong>s contraintes opérationnelles pour les centrales thermiques (temps <strong>de</strong> démarrage, maintenance éventuelle, pannes possibles).39 Les énergies fossiles fourniront encore près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> l’électricité européenne à cet horizon.60 / 185Page 60 sur 185
programmé <strong>de</strong>s centrales nucléaires alleman<strong>de</strong>s, l’effort <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s énergies renouvelables seraencore accru.Les perspectives évoluent rapi<strong>de</strong>ment (Le développement <strong>du</strong> photovoltaïque en Italie a ainsi déjà dépasséles 9 GW indiqués ici courant 2011) et il sera intéressant <strong>de</strong> se reporter début 2012 à l’actualisation <strong>de</strong> ceschiffres par ENTSOE.On peut mettre en regard <strong>de</strong> ces capacités <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction installées par filière chez nos voisins, lescapacités d’échange caractéristiques en hiver (NTC, Net Transfer Capacity) aux frontières françaises en2011 :NTC hiver Royaume-Uni Belgique Allemagne Suisse Italie Espagne(MW)Exports 2000 MW 3600 MW 2600 MW 3200 MW 2575 MW 1400 MWImports 2000 MW 1800 MW 3600 MW 40 2100 MW 1160 MW 1300 MW40 Suite à la fermeture <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s centrales nucléaires alleman<strong>de</strong>s, les gestionnaires <strong>de</strong> réseau allemand peuvent être amenés à ré<strong>du</strong>iresignificativement (1800 MW ?) la valeur <strong>de</strong> capacité d’imports <strong>de</strong> la France <strong>de</strong>puis l’Allemagne en cas <strong>de</strong> vague <strong>de</strong> froid notamment.61 / 185Page 61 sur 185