annuaire partie 4 pdf - Cours et travaux - Collège - Collège de France
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COURS ET CONFÉRENCES<br />
RÉSUMÉS<br />
Mme Kathinka EVERS<br />
Professeur, Centre <strong>de</strong> Bioéthique du Karolinska Institute<br />
<strong>et</strong> Université d’Uppsala (Suè<strong>de</strong>)<br />
1. Quand la matière s’éveille. L’esprit ouvert <strong>et</strong> ses ennemis<br />
On assiste en ce début <strong>de</strong> XXI e siècle à un développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s neurosciences<br />
<strong>et</strong> à l’émergence d’une nouvelle discipline, la neuroéthique, qui tente<br />
d’expliquer le jugement moral en termes <strong>partie</strong>llement neurobiologiques. La neuroéthique<br />
suscite autant d’espoirs que d’appréhensions, <strong>et</strong> la connaissance du<br />
contexte historique est essentielle pour déterminer la nature <strong>et</strong> la raison d’être<br />
<strong>de</strong> ce jeune secteur <strong>de</strong> recherches. Nous proposons ici une présentation <strong>de</strong> la<br />
neuroéthique <strong>et</strong> d’un modèle dynamique du cerveau <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’esprit humains qui<br />
sert <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment à c<strong>et</strong>te nouvelle discipline. Au XIX e <strong>et</strong> au XX e siècles, les<br />
théories scientifiques sur la nature humaine <strong>et</strong> sur l’esprit se sont quelquefois<br />
laissé prendre à <strong>de</strong>ux grands pièges : le détournement idéologique <strong>et</strong> la psychophobie,<br />
en particulier sous la forme d’un éliminativisme naïf <strong>et</strong> d’un cognitivisme<br />
naïf. Pour les éviter, la neuroéthique doit s’appuyer sur les fon<strong>de</strong>ments scientifiques<br />
<strong>et</strong> philosophiques sains du matérialisme informé. Celui-ci (1) adopte une<br />
conception évolutionniste <strong>de</strong> la conscience comme un élément irréductible <strong>de</strong> la<br />
réalité biologique, une fonction du cerveau apparue au cours <strong>de</strong> l’évolution <strong>et</strong><br />
un obj<strong>et</strong> qui se prête à une étu<strong>de</strong> scientifique. (2) Il reconnaît qu’une compréhension<br />
adéquate <strong>de</strong> l’expérience consciente subjective doit prendre en compte à la<br />
fois l’information subjective obtenue par l’auto-observation <strong>et</strong> l’information<br />
objective obtenue à partir <strong>de</strong>s observations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mesures anatomiques <strong>et</strong> physiologiques.<br />
(3) Il décrit le cerveau comme un organe plastique, projectif <strong>et</strong> narratif,<br />
siège d’une activité autonome consciente <strong>et</strong> inconsciente, qui résulte d’une symbiose<br />
socio-culturelle-biologique apparue au cours <strong>de</strong> l’évolution. Enfin (4), il<br />
5983$$ UNRE 21-01-2008 17:05:08Imprimerie CHIRAT