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annuaire partie 4 pdf - Cours et travaux - Collège - Collège de France

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1004<br />

RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES<br />

Toutes les civilisations connaissent un mythe <strong>de</strong> ce genre, explique Georges<br />

Steiner : soit une erreur monstrueuse a été commise (l’homme qui, par mégar<strong>de</strong>,<br />

ouvre quelque boîte <strong>de</strong> Pandore <strong>et</strong> libère un Chaos linguistique), soit, comme<br />

ici, la punition d’une faute 1 . Mais, dans tous les cas, le récit traduit la fascination<br />

à l’égard d’une langue originelle unique, Ursprache — celle-là même dans<br />

laquelle Dieu <strong>et</strong> Adam conversaient au Paradis. La langue sacrée qui assurait<br />

une communication transparente <strong>et</strong> sans reste, le verbe même que Dieu avait<br />

proféré pour nommer chaque chose selon son essence, lui donnant ainsi le jour.<br />

De ce récit fondateur — fascination <strong>et</strong> nostalgie confondues — dérivent quantité<br />

<strong>de</strong> représentations qui, réunies, forment ce qu’on pourrait appeler le « sens<br />

commun linguistique », sorte <strong>de</strong> vulgate encombrée d’idéologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> mauvaise<br />

métaphysique, responsable d’innombrables mésinterprétations relatives au langage,<br />

à l’écriture <strong>et</strong> à la traduction.<br />

On se propose — après avoir brièvement évoqué les champs du savoir <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’action qui restent « en attente <strong>de</strong> traduction » (1. De quelques domaines d’application<br />

possible du paradigme <strong>de</strong> la traduction) — <strong>de</strong> livrer un bref aperçu <strong>de</strong> ce<br />

système d’idées, fausses <strong>et</strong> solidaires, véritablement indurées dans notre « prêtà-penser<br />

» linguistique (2. D’une certaine vulgate linguistique). Ensuite, à la<br />

faveur d’une reformulation du mythe babélien (3. Babel : un récit détourné),<br />

on s’efforcera <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre en question <strong>et</strong> d’en proposer <strong>de</strong>s alternatives plus<br />

convaincantes (4. R<strong>et</strong>our sur la vulgate). Nous serons alors en mesure <strong>de</strong><br />

reprendre la problématique <strong>de</strong> la traduction sur <strong>de</strong>s bases plus soli<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

suggérer ce que pourraient être les linéaments d’un paradigme traductif susceptible<br />

<strong>de</strong> constituer la ressource pour <strong>de</strong>s temps pluriels en l’absence <strong>de</strong> toute<br />

superlangue (5. Fidélité ou plus value ? Conserver ou investir les talents reçus ?).<br />

Le droit comme traduction<br />

S’il est pertinent <strong>et</strong> souhaitable <strong>de</strong> proposer la traduction comme paradigme<br />

pour penser la grammaire <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> pluriel — un mon<strong>de</strong> qui ne peut plus<br />

se refermer sur ses idiolectes <strong>et</strong> qui tente d’échapper à la langue comme à la<br />

pensée uniques : un mon<strong>de</strong> post-babélien, en somme, instruit <strong>de</strong> l’inanité <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> tour moniste <strong>et</strong> désireux cependant <strong>de</strong> dépasser son pluralisme <strong>de</strong> juxtaposition<br />

—, alors on peut penser que le domaine juridique représente un champ<br />

d’application privilégié <strong>de</strong> ce paradigme <strong>de</strong> la traduction. Ce sera le propos <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te conférence <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> le démontrer.<br />

Il s’agira d’abord, dans une première section, <strong>de</strong> prendre la mesure <strong>de</strong>s phénomènes<br />

<strong>de</strong> traduction dans le champ juridique. Sans doute songe-t-on d’emblée<br />

aux zones où le droit national entre en contact avec le droit étranger, suscitant<br />

dans la plupart <strong>de</strong>s cas la difficile confrontation <strong>de</strong> langues différentes : le droit<br />

international public (1), le droit international privé (2) <strong>et</strong> le droit comparé (3)<br />

1. G. STEINER, Après Babel. Une poétique du dire <strong>et</strong> <strong>de</strong> la traduction, trad. par L. Lotringer, Paris,<br />

Albin Michel, 1978, p. 65.<br />

5983$$ UNRE 21-01-2008 17:05:09Imprimerie CHIRAT

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