Documents Autentiques VOL 2 Stern

5 août 1847 Doc. 228
rigueur d ’une défense qui me paraît bien étendue (3). On lui
saurait gré aussi de faire paraître quelque chose qui énonçât au
moins une disposition favorable à l’égard d’un événement qui
pourra insensiblement perdre de son intérêt, s’il n ’est réveillé par
la parole du premier pasteur. Quant à moi, j’ai parlé, et je parlerai
encore : credidi, propter quod locutus sum (4). Vos deux petits
enfants m ’intéressent à un point inexprimable. Puissent-[ils] se
conserver dans la simplicité et l’humilité. Les témoignages de
bienveillance dont ils seront de plus en plus l’objet, leur seraient
bien funestes s’ils n ’ont pas au centuple une provision de modestie.
Après l’apparition de la Sainte Vierge à Rome, M. de Ratisbonne
s’est confiné chez les Jésuites qui ne l’ont presque plus laissé voir
de peur de faire évaporer [p. 2] le parfum de ferveur qui l’avait
embaumé (5). Il est vrai que les enfants sont dans un cas un peu
différent, puisqu’ils ont reçu mission de parler, et avec elle une
grâce spéciale, je n ’en doute pas, pour se défendre de l’amour
propre. Il peut se faire d’ailleurs (et cette pensée me poursuit sans
cesse,) que le ciel n ’ait pas en vue de prolonger long-temps leur
carrière, de peur que l’iniquité du siècle ne vienne porter atteinte
à leur âme. Et qui sait si ce n ’est pas là le secret qui leur a été
confié, comme quelques personnes le pensent de Mlle Marie
Ardouin de Nantes à qui la Sainte Vierge apparut en 1840 [...].
Grand nombre d’ecclésiastiques m ’ont engagé à écrire moi-même
une relation de l’événement qui m ’a attiré dans vos contrées. Je
m ’y prêterai volontiers si le Seigneur me fait connaître à cet égard
sa volonté, bien qu’une infinité d ’autres ou l’aient fait, ou puissent
encore le faire plus parfaitement ; mais je comprends que le nom
d ’un Evêque puisse être ici d’une grande importance [...(p. 3)...]
t Clément év' de la RUc
J ’ai écrit cette lettre à S. Rambert (Ain) [...]
Jeudi 5 août 1847
228. RELATION MARMONNIER
Autographe de Marmonnier au crayon (1 f. 20,5 cm x 15,2) : MSG. —
Autographe du même à l’encre (1 f 25 cm x 15,5) : MSG. — Imprimé avec
une traduction interlinéaire du passage en patois dans J.-A. Ma r m o n n ie r,
Triomphe de la Salette, Paris, A. Le Clère et cie, 1856, p. 21-27.
Joseph-Antoine Marmonnier, 1803-1883, originaire de Succieu, canton de
Bourgoin, était en 1847 curé de Monteynard, canton de la Mure. Il avait succédé
(3) Par sa circulaire du 9 octobre 1846 (doc. 3), l’évêque de Grenoble avait interdit de
prêcher sur l’apparition ; il n’avait cependant pas défendu aux prêtres de monter à la
Salette en pèlerinage.
(4) «J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé » (Ps. 116, 10 et II Cor. 4, 13).
(5) Alphonse Ratisbonne s’était converti à Rome le 20 janvier 1842, à la suite d’une
apparition de la Vierge.
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