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Documents Autentiques VOL 2 Stern

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11 juin 1848 Doc. 427<br />

sur ce qui m’intéressait uniquement, il me répondait, comme je<br />

l’ai dit, brièvement, simplement ; tout ce qui avait trait à<br />

l’apparition de la très-sainte Vierge était toujours comme quelque<br />

chose à part dans notre conversation. Il s’arrêtait tout court, dans<br />

le plus grand entraînement de son bavardage : le fond, la forme,<br />

le ton, la voix, la précision de ce qu’il me disait alors, tout<br />

devenait soudain singulièrement grave et religieux. Puis il passait<br />

bientôt, sur un autre sujet, à tout l’abandon de la conversation la<br />

plus familière et la plus vive.<br />

Alors je recommençais mes efforts et mes insinuations les plus<br />

habiles pour profiter de cet abandon et de cette ouverture et le<br />

faire parler sur ce qui m’intéressait, et en particulier sur son secret,<br />

sans qu’il s’en aperçût et sans qu’il le voulût. Je tenais absolument<br />

à voir clair dans cette âme, à la saisir en défaut et à tirer bon gré<br />

mal gré la vérité du fond de ce cœur. Mais je dois le confesser,<br />

tous mes efforts, depuis le matin, avaient été parfaitement inutiles :<br />

au moment où je croyais atteindre mon but et obtenir quelque<br />

chose, toutes mes espérances s’évanouissaient. Tout ce que je<br />

m ’imaginais tenir m ’échappait tout à coup, et une réponse de<br />

l’enfant me replongeait dans toutes mes incertitudes. Cette réserve<br />

absolue me parut si extraordinaire dans un enfant, je dirai même<br />

en un être humain quelconque, que sans lui faire une violence à<br />

laquelle ma propre conscience aurait répugné, je voulus aller aussi<br />

loin que possible, et tenter les derniers efforts pour le vaincre en<br />

quelque chose et surprendre enfin son secret. Ce singulier secret<br />

me tenait par-dessus tout à cœur. Pour l’entamer sur ce point je<br />

n’épargnai aucune séduction dans la mesure qui me parut tolérable.<br />

Après bien des essais et des efforts absolument inutiles, une<br />

circonstance bien futile en apparence m ’offrit une occasion que je<br />

crus un moment favorable.<br />

J ’avais avec moi un sac de voyage dont le cadenas se fermait<br />

et s’ouvrait à l’aide d’un secret, qui dispense de se servir d ’une<br />

clef. Comme ce petit garçon est très-curieux, touche à tout, regarde<br />

tout, et toujours de la manière la plus indiscrète, il ne manqua<br />

pas de regarder mon sac de voyage ; et me le voyant ouvrir sans<br />

clef il me demanda comment je faisais. Je lui répondis que c’était<br />

un secret. Il me demanda très-vivement de le lui montrer. Le mot<br />

de secret réveilla dans mon esprit l’idée du sien. Je profitai de la<br />

circonstance et lui dis : Mon enfant, c’est mon secret ; vous n'avez<br />

pas voulu me dire le vôtre, je ne vous dirai pas le mien. Ceci fut<br />

dit moitié sérieux, moitié plaisant.<br />

Ce n'est pas la même chose, me répondit-il sur-le-champ. Et<br />

pourquoi, lui dis-je ? Parce q u ’on m'a défendu de dire mon<br />

secret : on ne vous a pas défendu de dire le vôtre. — La réponse<br />

était péremptoire. Je ne me tins pas pour battu ; et, sans avoir<br />

l’air de l’avoir bien compris, je lui dis du même ton : Puisque<br />

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