Documents Autentiques VOL 2 Stern

14 juin 1848 Doc. 428
4° Ou bien enfin qu’il y a un inventeur, un imposteur caché
derrière les deux enfants, et qu’ils se sont prêtés à jouer le rôle
qu’il leur a préparé dans son imposture, et qu’il leur apprend
chaque jour à jouer de nouveau. Sans aller au fond des choses,
comme l’a fait M. Rousselot, je me bornerai à répondre que tout
ce qui précède répugne à cette supposition. L’inventeur me
paraîtrait tout à la fois bien mal habile de choisir pour acteurs et
témoins d ’une imposture aussi extraordinaire des êtres pareils, et
bien habile de leur faire jouer un rôle semblable pendant deux
années, devant deux ou trois centr mille spectateurs successifs,
observateurs, investigateurs, interrogateurs de toute espèce, sans
que ces deux enfants se soient jamais trahis en rien, une fois ou
l’autre ; sans que personne ait découvert cet imposteur derrière la
scène ; sans qu’une seule indiscrétion des enfants l’ait fait
soupçonner ; sans qu’il en ait apparu un seul indice jusqu’à ce
jour !
Reste donc la première supposition, c’est-à-dire la vérité
surnaturelle qui se trouve d’ailleurs très-fortement confirmée :
1° Par le caractère soutenu des enfants ; 2° par les réponses
absolument au-dessus de leur âge et de leur portée qu’ils ont faite
dans les divers interrogatoires auxquels on les a soumis ; 3° par la
fidélité extraordinaire avec laquelle ils gardent le secret qu’ils
prétendent leur avoir été confié.
Si j’étais obligé de me prononcer et de dire oui ou non sur
cette révélation, et que je dusse être jugé à ce sujet sur la sincérité
rigoureuse de ma conscience, je dirais oui plutôt que non. La
prudence humaine et chrétienne me ferait dire oui plutôt que
non, et je ne croirais pas avoir à craindre d’être condamné au
jugement de Dieu comme coupable d’imprudence et de légèreté.
Tout à vous.
Gap, ce 11 juin 1848
Mercredi 14 juin 1848
ÉVÉNEMENT. Ce jour-là, passage probable, dans les écoles de Corps, de
M. Rataboul, sous-inspecteur de l’instruction primaire (1). Nous signalons ce
passage, car, à en croire Déléon, les enfants furent interrogés en 1848 par un
haut fonctionnaire de Grenoble, conduit chez les soeurs de la Providence par
l’inspecteur primaire. « Ce langage, leur d it le haut fonctionnaire, a-t-il é té le
vôtre dès le m om ent même de l ’apparition ? Est-ce dans ces termes que vous
avez p a rlé à vos maîtres, le soir même du 19 septem bre 1846 ? — Non,
répondent, sans hésiter, les deux enfants. — Com ment donc, maintenant, parlezvous
d ’une manière si précise et si sûre ? — C ’est M. le curé qu i a rappelé nos 1
(1) La date du passage est seulement probable, sans plus. Elle ne nous est connue, en
effet, que par un projet d ’itinéraire établi l’année précédente (ADI T 507, archives de
l’Inspection d ’Académie).
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