Documents Autentiques VOL 2 Stern

23 septembre 1847 Doc. 288
Corps, et qu'il n'y était pas monté » (ibidem). La rumeur populaire recueillie
par l’abbé Arbaud fit de l’homme un protestant, qui serait effectivement monté
à la Salette, mais qui, au lieu de « garder la sage réserve et la politesse qui
conviennent lorsqu’on partage des opinions contraires [...] alla se jeter dans une
des baraques voisines de la chapelle, pour y manger et boire avec quelques
compagnons qui ne valaient pas mieux que lui » et qui repartit pour rentrer chez
lui à la Mure, après « avoir proféré toutes sortes de blasphèmes et après avoir
épuisé de copieuses libations ». L’accident serait arrivé près d’un pont après la
sortie de Corps, tandis qu’il voulait monter dans une diligence en marche.
S’élançant « étourdiment et à demi-grisé », il glissa et « tomba misérablement
sous les roues qui l’écrasèrent » (A r b a u d, p. 5 6 ) .
Il est possible que la nouvelle de l’accident soit parvenue à la préfecture à
travers un canal anticlérical. Le rassemblement du jour anniversaire n’avait en
effet pas été du goût de tous. Le Patriote des Alpes du 21 septembre (doc. 283),
annonçant à ses lecteurs qu’à Lyon la police enquêtait sur des phénomènes
extraordinaires arrivés dans une institution religieuse, formulait à propos des
« jongleries de la Salette » la remarque suivante : « Dans ce moment, une
immense population n 'est-elle pas stupidement réunie pour fêter l'anniversaire
du mensonge le plus effronté et le plus bête qui ait jamais été jeté en pâture aux
faibles d'esprit.
Préfet de l ’Isère Grenoble le 23 sept. 1841.
Cabinet du Préfet
Monseigneur,
La commune de la Salette a été visitée, le 19 de ce mois, par
un nombre si considérable d ’étrangers que M. le Maire, dans le
rapport qu’il vient de m ’adresser pour me rendre compte de cette
réunion extraordinaire, ne le porte pas au-dessous de 40 mille,
parmi lesquels se trouvaient au moins 200 prêtres. Des messes ont
été dites sur la montagne depuis 3 heures moins 1/4 du matin
jusqu’à midi et 1/2. L’annonce de ces messes devait naturellement
attirer une grande affluence.
Ces grandes réunions sont de celles que [sic] l’administration
supérieure doit toujours être informée, afin qu’elle puisse prescrire
les mesures si nécessaires en pareil cas, pour le maintien de l’ordre
et de la tranquillité publique confié à sa garde. S’il en eût été
ainsi, nous n’aurions peut-être pas eu à déplorer la mort d’un
homme qui a été écrasé par une voiture.
Je désire savoir, Monseigneur, si la présence de tant d ’ecclésiastiques
à la manifestation dont la commune de la Salette vient
d ’être le théâtre [verso] et le nombre considérable de messes qui
ont été dites en plein air, ont été autorisées par votre Grandeur.
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