Documents Autentiques VOL 2 Stern

18 septembre 1847 Doc. 278
particulières, sont arrivées ce jour-là de Grenoble » (*). L’abbé Arbaud, qui est
monté de Corps au village de la Salette, voit passer des groupes de quarante,
cinquante personnes et davantage, récitant le chapelet ou chantant des cantiques
(Arbaud, p. 45). Des pèlerins qui n’ont pu trouver un abri dans les hameaux,
entreprennent le soir l’ascension vers les lieux de l’apparition, malgré la pluie et
l’obscurité. Ils glissent au fond d’un ravin, d’où ils sont sauvés par l’abbé
Barrai (**), qui les mène au but désiré (Perrin, n° 651).
278. CINQUIÈME LETTRE DE MARIE DES BRULAIS à une
amie : fragment daté du 18 septembre
Dans Écho, p. 104-107.
[...] Hier soir, M. le Vicaire prêchait toute la population pressée
dans l’église de Corps. Pour la première fois il put parler en chaire
de l’Evénement inouï qui nous réunissait tous (1) ; il put aussi
féliciter tous les habitants de leur assiduité aux Offices, de leur
zèle pour la sanctification du dimanche, de leur entier changement
en un mot : car il y a un an, le Pasteur de cette Paroisse ne
pouvait, hélas ! que verser des larmes sur ses brebis égarées. Hier,
M. le Curé lui-même me confirmait la vérité de ce changement :
il m’a dit en propres termes que sur toute sa Paroisse trente
personnes à peine avaient négligé cette année le devoir pascal. La
population "est de 1500 âmes.
Mais revenons au prédicateur : il paraissait tout pénétré de
cette pensée que l’assistance goûtait bien, je t’assure : « Combien
notre Mère est bonne ! Combien il faut que la justice divine soit
irritée par nos crimes pour que la Mère de [p. 105] Dieu, sa Mère,
oui, mais aussi notre Mère soit descendue elle-même du haut des
Cieux, afin de rappeler dans le sein de la Miséricorde des ingrats
que la Justice allait frapper !..... » Il appelait cet Evénement inouï,
unique [...].
[p. 106] Quelle affluence ! que cela fait de bien à voir ! La
Cure de Corps est pleine et ne désemplit pas de pèlerins qui, sans
cesse renouvelés, écoutent le petit Maximin. J ’entends de ma
chambre la jeune Mélanie, qui de son côté satisfait la pieuse
curiosité d ’une foule encombrant le salon du Couvent, lequel ne
désemplit pas non plus. On compte en ce moment soixante voitures
arrivant de Gap, de Grenoble, sans parler de la multitude de
pèlerins qui affluent de tous côtés à travers les montagnes. Ils
(*) Doc. 298 : lettre de l’abbé Boissieux, 28 septembre 1847. L’abbé L.-A. Boissieux,
1805-1883, curé d’Izeron, interrogea les enfants le 17 septembre et assista à la célébration
de l’anniversaire sur la montagne.
(**) J.-F. Barrai, déjà rencontré (doc. 178), ou son frère jumeau, également prêtre.
(1) Conformément aux instructions données par l’évêque de Grenoble (doc. 3), le
curé de Corps et son vicaire s’étaient jusque-là abstenus de parler de l'apparition en chaire.
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