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11 septembre 1847 Doc. 259<br />
Origine et premiers développements de l'archiconfrérie réparatrice du<br />
blasphémé et de la profanation du dimanche. L’archiconfrérie a pour origine une<br />
association de prières fondée au diocèse de Langres dans la paroisse de Saint-<br />
Martin de Lanoue, à Saint-Dizier, Haute-Marne. La paroisse se composait en<br />
grande partie de mariniers, gens simples, mais peu pratiquants. En janvier 1847,<br />
donc à une époque où les mariniers étaient présents au pays, l’abbé Pierre<br />
Marche, curé de la paroisse, fit donner une mission par un missionnaire diocésain,<br />
l’abbé Moliard. « Vers la fin de ht station, le prédicateur fit un sermon sur la<br />
sanctification du dimanche. Pendant qu’il parlait », expliquera plus tard l’abbé<br />
Marche, « nous fumes pressé de réaliser une pensée qui nous poursuivait déjà<br />
depuis quelque temps. Nous proposâmes donc, après l’instruction, de faire une<br />
Association Réparatrice. Le dimanche suivant nous renouvelâmes l’appel, et peu<br />
après l’association comptait plus de deux cents membres. Nous n’avions en vue<br />
que de faire le bien dans notre paroisse et dans notre diocèse ; mais Dieu posait<br />
par là les bases d’une Association qui devait s’étendre dans toute la France et<br />
dans le monde entier (4). » L’universalisation de l’association dérive d’une<br />
intervention de l’évêque du diocèse. Mgr Parisis, qui l’avait approuvée le<br />
28 juin, puis érigée en confrérie le 18 juillet, demanda pour elle au Saint-Siège<br />
l’autorisation de s’agréger des associations semblables. Par un bref daté du 30<br />
juillet 1847, qui érigeait l’association en archiconfrérie, Pie IX accorda la faculté<br />
sollicitée. Quatre mois plus tard, le pape se fit lui-même inscrire parmi les<br />
membres de l’archiconfrérie. La croissance de l’œuvre fut dès lors rapide : en<br />
l’espace de trois ans, elle se répandit dans soixante-huit diocèses (5).<br />
Mgr Parisis, frappé du caractère public des insultes infligées à Dieu non<br />
seulement par des blasphèmes proférés en un moment de colère, mais surtout<br />
par les sarcasmes et les négations de l’intelligentsia du dix-neuvième siècle, voulait<br />
une œuvre dont les membres s’opposeraient à ces abus et les répareraient devant<br />
Dieu, non seulement individuellement, mais en corps : « pour que cette influence<br />
d’édification soit plus puissante sur la société chrétienne, il faut que l’action en<br />
soit unanime et simultanée ; pour que ces prières de réparation soient plus<br />
efficaces sur le cœur de Dieu, il faut qu’elles soient réunies dans un même<br />
(4) Pierre MARCHE, Nouveau manuel de l ’Archiconfrérie réparatrice, Paris 1858,<br />
p. 334-335. — Né en 1805 à Doulaincourt (Haute-Marne), ordonné prêtre en 1828, Pierre<br />
Marche fut curé de Saint-Martin de Lanoue à Saint-Dizier de novembre 1840 jusqu’à son<br />
décès, en 1863. En 1849 il fonda les Sœurs de la Réparation de Saint-Dizier, qui, en 1909,<br />
s'unirent à la Congrégation de l’Adoration réparatrice, fondée en 1848 par Théodolinde<br />
Dubouché. Selon des récits publiés après son décès, l’abbé Marche monta en pèlerinage à<br />
la Salette dès les premiers mois qui suivirent l’apparition et en revint tout pénétré de<br />
l’idée réparatrice (Annales, octobre 1874, p. 264, où on lit le témoignage de son frère,<br />
l’abbé Jean-Baptiste M. ; décembre 1886, p. 299 ; Annales de l Archiconfrérie réparatrice,<br />
septembre 1886, p. 306-315). Quoi qu’il en soit de la date de son premier pèlerinage,<br />
l'apparition l’impressionna vivement. En mars 1848 il demanda et obtint par l’intercession<br />
de Notre Dame de la Salette la guérison d’une paroisienne de Lanoue, Eugénie Viciot,<br />
atteinte d ’une maladie qui, selon le médecin traitant, « présentait tous les symptômes<br />
d ’une maladie du cœur, avec déformité [sic] de la poitrine » (dans GlRAY II, p. 100). L’abbé<br />
Marche considéra cette guérison comme une « marque d ’approbation de l’Archiconfrérie<br />
réparatrice » (doc. 408 bis). Les abbés Perrin s’empressèrent de transmettre la nouvelle de<br />
la guérison à Mgr de Bruillard, « à cause », précisent-ils, « de l'intime liaison qui existe<br />
entre cette Archiconfrérie et l'Apparition de la Salette » (doc. 410). La même année, l’abbé<br />
Marche prend comme thème de son mois de Marie « l’événement de la Salette » (lettre<br />
Marche du 4 mai 1848, extrait dans PERRIN, n° 701).<br />
(5) Lettre de l’abbé Pierre Marche à la prieure du Carmel de Tours, 26 août 1850<br />
(original : Tours C). Le nombre des associations agrégées s’élevait alors à 986.<br />
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