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20 mai 1847 Doc. 166
disant : Tiens, mon petit, mange ce pain, je ne sais pas si tu en
mangeras l’année qui vient. — 29Eh bien oui, Madame ; je ne
m ’en souvenais pas, ai-je dit.
30Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon
peuple.
“Elle a passé le ruisseau, et elle nous a dit : Eh bien ! mes
enfants, vous le ferez passer à mon peuple.
“ Ensuite elle a monté une quinzaine de pas (21), puis nous
n ’avons plus vu la tête, plus vu les [p. 46] bras, plus vu les pieds ;
la clarté a disparu.
33D. Quand vous a-t-elle confié le secret ? — R. Elle nous a
dit le secret quand elle a parlé de la famine (22). — 34D. Je conçois
que tu ne veuilles pas dire ce secret à tout le monde, mais tu
peux bien le dire à un prêtre qui le gardera comme toi ? — R. Si
je le dis à qui que ce soit, je ne le garderai pas, et je ne peux pas
le dire. — D.Ce secret te regarde-t-il personnellement, ou regardet-il
tout ce que la dame appelle son peuple ? — R. Si je vous dis
qu’il ne regarde que moi, vous en tirerez des conclusions qui
peuvent être fausses ; si je vous dis qu’il regarde le peuple, ce
sera la même chose, et vous pourriez connaître mon secret. — D. Et
quand diras-tu ton secret ? — R. Quand la personne qui me l’a
confié viendra me dire de le révéler. — D. Et si elle ne vient pas,
tu ne le diras donc jamais ? — R. Jamais je ne le dirai... Cependant
au [p. 47] jugement dernier vous le saurez, alors tout sera connu.
— D. Et s’il fallait dire ton secret ou mourir ? — R. (Avec fermeté)
Je mourirai.... je ne le dirai pas.
Là s’est terminé notre entretien ; j’en savais assez, je ne
pouvais rien obtenir de la constance et de la fermeté de cet enfant.
Jeudi 20 mai 1847
166. RAPPORT PRÉPARÉ AU MINISTÈRE DE LA JUSTICE À
L’INTENTION DU GARDE DES SCEAUX HÉBERT
Original (3 p. calligraphiées, non signées) : PAN BB18 1452 (3821). Le même
dossier contient la minute du rapport, approuvée le 19 mai, ainsi que la note
suivante : « Se conformer à la note de M. le G. des Sc. 22 mai » (la signature est
illisible).
Ci-dessous, on a reproduit en italiques les passages calligraphiés en ronde. 212
(21) ROUSSELOT N ote marginale : (en ligne droite, il n ’y a pas davantage ; mais il y
en a bien 25 ou 30 en suivant le sentier parcouru par la Dam e.)
(22) ROUSSELOT termine son « Récit de Maximin » ici.
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