Documents Autentiques VOL 2 Stern

12 avril 1847 Doc. 133
faisoit le travail de l’éruption ; j’avois même conçu quelques
craintes. Une strangulation assez forte, sembloit être le symptôme
du croup*?, maladie très-dangereuse pour les enfants, et presque
toujours mortelle, quand elle se déclare avec la vérolette. M.
l’Abbé Lagier, à qui j’avois fait part de mes craintes, les
communiqua à Mélanie (3). Maximin ne mourra pas de cette
maladie, ajouta-t-elle aussitôt. — Il est très-souffrant, répondit
l’interlocuteur, et à dessein, exagéra la position du malade. — Je
vous dis, répliqua Mélanie, qu’il ne mourra pas de cette maladie ;
et cependant, elle n ’avoit pas vu Maximin depuis qu’il étoit alité.
Une semblable affirmation, en pareilles circonstances, indiqueroit
qu’il y a quelque chose de commun dans la destinée de ces deux
enfants, et qu’ils en sont instruits l’un l’autre. Quoi qu’il en soit,
j’ai cru bien faire d ’en informer V. Grandeur.
Les décès dont j’ai déjà parlé à Monseigneur, continuent avec
une proportion effrayante, surtout pour les petits enfants (4). Nous
avons atteint le chiffre de 43, qui est au dessus de la moyenne
annuelle pour toute l’année ; et sur ce nombre, il n’y a que dix
grandes personnes ; c’est plus des trois quarts pour les petits
enfants (5).
[verso] Votre Grandeur sait peut-être déjà qu’une religieuse
du Sacré-Cœur, alitée depuis 4 mois, a été guérie miraculeusement
à Avignon, le Dimanche de la passion, dernier jour d ’une neuvaine,
adressée à N.D. de La Salette, pendant laquelle elle avoit fait
usage de l’eau de la fontaine qui flue depuis l’Apparition (6) ;
c’est la Supérieure de cette maison qui m ’en a informé elle-même
avec bonheur.
Le Jubilé s’est fait à Corps avec édification ; nous étions 4
confesseurs, et nous sommes restés d’accord que jamais nous
n ’avions donné l’absolution avec autant d ’assurance, que pendant
ce saint temps. Il y a eu tant de grâces, et des grâces si
(3) Rappelons que l’abbé Lagier vint à Corps au mois de février et repartit dans sa
paroisse, Saint-Pierre-de-Cherennes, au début de mars (LSDA I, p. 277-278). Il se pourrait
que l’abbé Mélin fasse allusion à une deuxième visite de l'abbé, à l’occasion de la sépulture
de son père, qui eut lieu le 17 mars, lendemain du décès.
(4) L'évêque sera impressionné par ces nouvelles : « La mort de vos enfants est très
significative et l’assurance de Mélanie par rapport au rétablissement de Maximin ne l’est
pas moins. Engagez-les bien à prier pour la conversion des pécheurs, surtout au moment
de leur lre com[mun]ion » (lettre du 13 avril 1847 à Mélin, doc. 134).
(5) Au cours des six premiers mois de l’année 1847, il y eut à Corps 39 décès d ’enfants
de moins de sept ans accomplis, contre 5 pour la même période en 1844, 4 en 1845 et 3
en 1846 (cf. aussi LSDA I, p. 341, note 3). En 1846, la période juillet-août avait été
particulièrement meurtrière pour ces enfants, avec 11 décès, contre 1 en 1844, 3 en 1845,
puis 7 en 1847. Le total des enfants de moins de sept ans décédés dans 43 communes du
sud de l’Isère au cours des six premiers mois de 1847 monte à 187, contre respectivement
98, 113 et 136 pour les six premiers mois de 1844, 1845 et 1846. (ADI série M 122, liasses
52-55. Les 43 communes dont on a tenu compte sont celles pour lesquelles chacune de ces
liasses annuelles contient des renseignements sur ce point.)
(6) Il s'agit de Soeur Prouvèze, guérie le 21 mars.
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