JOURNAL ASMAC No 3 - juin 2018
L'île - Pneumologie/Infectiologie Rapport d'experts Diener - un cheval de Troie?
L'île -
Pneumologie/Infectiologie
Rapport d'experts Diener - un cheval de Troie?
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POINT DE MIRE ▶ L’ÎLE<br />
Le sous-produit d’un ouvrage<br />
du siècle<br />
Elles s’appellent Lorelei et Neptune, se situent dans le lac des Quatre-Cantons et sont le plus jeune<br />
archipel de Suisse. Ces îles sont apparues dans le cadre de la construction du tunnel de base<br />
du Gothard. Une partie des déblais ont été immergés dans le delta de la Reuss, d’une part pour<br />
renaturer la zone, d’autre part pour créer une nouvelle attraction touristique. L’idée connaît aussi<br />
ses adeptes dans d’autres régions.<br />
Catherine Aeschbacher, rédactrice en chef du Journal <strong>ASMAC</strong><br />
Celui qui creuse un tunnel a un problème:<br />
que faire des gravats? Les braqueurs de<br />
banque et les détenus évadés résolvent cette<br />
question de manière plus ou moins intelligente<br />
comme nous l’apprend le cinéma.<br />
Le problème est plus difficile à résoudre<br />
lorsque l’on creuse un tunnel à travers une<br />
montagne, comme par exemple au Gothard.<br />
En effet, la construction du tunnel<br />
de base du Gothard s’est accompagnée de<br />
la production de 28 millions de tonnes de<br />
roche que l’on devait transporter quelque<br />
part. «Si l’on chargeait la totalité des déblais<br />
sur un train de marchandises, il<br />
s’étendrait du portail nord à Erstfeld à la<br />
province chinoise du Xinjiang», avait calculé<br />
la «NZZ» (31 mai 2016).<br />
Il est vite apparu que l’on pouvait retraiter<br />
une grande partie de ces déblais et les utiliser<br />
pour construire le tunnel, ce qui a<br />
permis d’économiser CHF 100 millions.<br />
D’autre part, beaucoup de roche a été utilisée<br />
pour renaturer des zones ou d’autres<br />
constructions. Au final, il n’est resté que<br />
3% de déblais. Le fait d’en envoyer une<br />
partie dans le lac des Quatre-Cantons<br />
n’était toutefois pas prévu dans la phase<br />
initiale de la planification des nouvelles<br />
transversales alpines.<br />
Un retour à la nature<br />
La Reuss qui se jette dans la partie la plus<br />
au sud du lac des Quatre-Cantons, le lac<br />
d’Uri, près de Flüelen, a déjà été canalisée<br />
en 1850. Au début du 20 e siècle, on a commencé<br />
à extraire le gravier dans l’embouchure,<br />
ce qui a provoqué de l’érosion et<br />
permis au lac de pénétrer de plus en plus<br />
sur la terre ferme. De plus, la riche flore et<br />
faune du delta de la Reuss ont progressivement<br />
été atteintes; les plantes, poissons<br />
et oiseaux ont disparu.<br />
Dans les années 1990, on a mis fin à l’exploitation<br />
du gravier et développé des<br />
plans pour renaturer le delta de la Reuss.<br />
Pour cela, il fallait d’abord reboucher de<br />
profonds trous au fond du lac. Cependant,<br />
la commune compétente ne disposait pas<br />
des moyens suffisants pour se procurer les<br />
matériaux de remblai. Grâce aux NLFA,<br />
on disposait soudain de suffisamment de<br />
roche à proximité immédiate. Plus de<br />
2000 trains ont acheminé, à partir de l’an<br />
2000, au total 2,4 millions de tonnes de<br />
gneiss, de granite et de calcaire du chantier<br />
à Flüelen. Pour ne pas causer de dégâts<br />
à la nature, on a pris des mesures spéciales<br />
avant de déverser la roche dans le lac. Peu<br />
à peu des zones peu profondes et des îles<br />
sont apparues.<br />
Prise de vue aérienne du remblayage du lac (© Alptransit-Portal, Alp Transit Gotthard AG)<br />
N o 3 <strong>juin</strong> <strong>2018</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
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