JOURNAL ASMAC No 3 - juin 2018
L'île - Pneumologie/Infectiologie Rapport d'experts Diener - un cheval de Troie?
L'île -
Pneumologie/Infectiologie
Rapport d'experts Diener - un cheval de Troie?
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PERSPECTIVES<br />
SÉRIE DISCIPLINES MÉDICALE S: ACTUALITÉS EN PNEUMOLOGIE – LA TRANSPLANTATION PULMONAIRE<br />
Une histoire à succès semée<br />
d’embûches<br />
Les chiffres sont impressionnants: au cours des 40 dernières années, plus de 50 000 transplantations<br />
pulmonaires ont été réalisées dans le monde; en 1992, pour la première fois en Suisse. Bien que<br />
d’importants succès aient pu être réalisés dans tous les domaines, il reste de nombreux défis à<br />
sur monter. Que ce soit le manque d’organes de donneurs ou les problèmes liés à l’immunosuppression<br />
à long terme.<br />
Ilhan Inci, médecin adjoint, Jonas Ehrsam, médecin-assistant, et Walter Weder, directeur de la clinique de chirurgie thoracique,<br />
Hôpital universitaire de Zurich<br />
La transplantation pulmonaire est un<br />
procédé thérapeutique établi pour certains<br />
patients atteints de maladies pulmonaires<br />
avancées. Dans le monde entier, plus de<br />
50 000 transplantations pulmonaires ont<br />
été réalisées au cours des 40 dernières<br />
années (1). L’emphysème pulmonaire, la<br />
fibrose pulmonaire, la mucoviscidose et<br />
l’hypertension artérielle pulmonaire<br />
comptaient parmi les indications les plus<br />
fréquentes. Le perfectionnement continuel<br />
de ce procédé chirurgical et du traitement<br />
médicamenteux a permis d’améliorer significativement<br />
la survie à court et long<br />
terme au cours des dernières décennies.<br />
Malgré cela, la transplantation pulmonaire<br />
reste sujette à des obstacles essentiels<br />
tels que le manque chronique d’organes<br />
de donneurs, le dysfonctionnement initial<br />
et tardif du greffon ainsi que la morbidité<br />
accrue en raison de l’immunosuppression<br />
au long cours. Cet article traite de l’état<br />
actuel de la transplantation pulmonaire<br />
et d’éventuelles innovations futures.<br />
Contexte historique<br />
Au moyen d’expériences impressionnantes<br />
sur des chiens, le chirurgien russe Vladimir<br />
Demikhov a pour la première démontré<br />
entre 1930 et 1950 que des transplantations<br />
intrathoraciques des poumons, du<br />
cœur ou du bloc cœur-poumons étaient<br />
possibles (2).<br />
Le chirurgien français Henri Metras décrivit<br />
en 1949 d’importantes améliorations<br />
techniques dont la cotransplantation<br />
de l’oreillette gauche du donneur avec le<br />
poumon pour optimiser l’anastomose veineuse<br />
des poumons. De plus, il propagea<br />
le rebranchement des artères bronchiques,<br />
hélas peu pratiqué depuis lors, pour réduire<br />
les complications au niveau de<br />
l’anastomose bronchique (3).<br />
En 1973, James Hardy réussit la première<br />
transplantation pulmonaire sur l’homme<br />
à l’Université du Mississippi (4). Le receveur<br />
survécut 18 jours avant de mourir d’une<br />
défaillance rénale. Cela déclencha une<br />
véritable euphorie avec diverses autres tentatives<br />
de transplantation, qui connurent<br />
cependant toutes une issue fatale. Il fallut<br />
près de 20 années et 36 patients de plus<br />
pour qu’en 1980 deux patients survivent<br />
respectivement six et dix mois après la<br />
transplantation. La plupart des patients qui<br />
avaient auparavant survécu plus de dix<br />
jours étaient morts de complications aux<br />
anastomoses bronchiques. La première<br />
transplantation du cœur et des poumons<br />
réalisée en 1981 par Bruce Reitz et <strong>No</strong>rman<br />
Shumway à l’Université de Stanford fut un<br />
jalon important (5). En 1983, Joel Cooper<br />
et son équipe du Toronto General Hospital<br />
réussirent la première transplantation d’un<br />
seul poumon chez un patient atteint de<br />
fibrose pulmonaire interstitielle (6). Pour<br />
la première fois, un patient survécut pendant<br />
sept ans. En 1990 à Stanford, Starnes<br />
réussit la première greffe pulmonaire d’un<br />
donneur vivant parent du receveur sous<br />
forme d’une transplantation lobaire (7).<br />
En 1992, Walter Weder amena le savoir-faire<br />
de l’époque dans notre centre à<br />
Zurich, où il réalisa avec succès la première<br />
transplantation pulmonaire en Suisse –<br />
une transplantation du poumon droit chez<br />
un patient souffrant d’emphysème pulmonaire.<br />
Indications et sélection<br />
des receveurs<br />
Le champ des indications pour les<br />
transplantations pulmonaires s’élargit et<br />
comprend actuellement de nombreuses<br />
affections pulmonaires s’accompagnant<br />
de modifications du parenchyme et des<br />
vaisseaux. Avec 31%, la broncho-pneumopathie<br />
chronique obstructive (BPCO) est<br />
Contre-indications absolues pour la<br />
transplantation<br />
• Malignome au cours des deux dernières années; absence de tumeur de cinq ans<br />
• Dysfonction d’un autre système d’organe vital impossible à traiter (p. ex. cœur,<br />
foie, reins)<br />
• Infection extrapulmonaire chronique impossible à traiter telle que hépatite B,<br />
hépatite C et VIH<br />
• Déformations significatives du thorax et de la colonne vertébrale<br />
• <strong>No</strong>n observance documentée concernant des traitements et la prise de médicaments<br />
• Circonstances psychiatriques impossibles à traiter<br />
• Comportement de dépendance actif au cours des six derniers mois<br />
(p. ex. alcool, nicotine, stupéfiant)<br />
Adapté selon Ref Weill D ISHLT2015<br />
36 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 3 <strong>juin</strong> <strong>2018</strong>