JOURNAL ASMAC No 3 - juin 2018
L'île - Pneumologie/Infectiologie Rapport d'experts Diener - un cheval de Troie?
L'île -
Pneumologie/Infectiologie
Rapport d'experts Diener - un cheval de Troie?
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MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
«Il faut avoir des atomes crochus»<br />
L’idée pour Doppeldoc est née par nécessité. En effet, Salome Kisker ne voulant plus assumer un<br />
plein temps après la naissance de sa première fille, elle a partagé un poste avec une collègue.<br />
Un modèle qui lui plaisait. Suite à cela, elle a développé la plate-forme de l’emploi Doppeldoc afin<br />
d’aider les médecins à trouver des partenaires pour un jobsharing.<br />
Comment se passe votre travail<br />
au quotidien?<br />
Actuellement, je suis en train de suivre<br />
ma formation postgraduée pour obtenir<br />
le titre en médecine interne générale. Je<br />
travaille à 50% en tant qu’assistante dans<br />
un cabinet de médecine générale. Je travaille<br />
en alternance deux ou trois jours<br />
par semaine pendant lesquels je remplace<br />
un des trois médecins de famille. Je<br />
pratique donc en quelque sorte un jobsharing<br />
avec mes médecins formateurs.<br />
Le reste du temps, je le consacre à mes<br />
deux filles. Comme mon conjoint est aussi<br />
médecin et travaille, lui aussi, à temps<br />
partiel, nous pouvons partager les tâches<br />
du quotidien. Le fait que nous puissions<br />
nous organiser ainsi est à mes yeux une<br />
grande chance.<br />
Vous avez travaillé en jobsharing<br />
à l’hôpital. Comment en<br />
êtes-vous arrivé là?<br />
Après la naissance de ma fille aînée, je ne<br />
voulais plus travailler à plein temps. Les<br />
journées de travail à l’hôpital sont longues.<br />
Je n’aurais vu ma fille que le week-end. De<br />
plus, j’estime qu’il est important que les<br />
deux parents assument une partie de la<br />
prise en charge des enfants, mais aussi<br />
qu’ils restent actifs dans leur profession.<br />
Biographie<br />
express<br />
Dr méd. Salome Kisker,<br />
32 ans, examen fédéral 2012<br />
à l’Université de Zurich, médecine<br />
interne à l’Hôpital de<br />
Thusis et à l’Hôpital cantonal<br />
des Grisons, depuis 2017 dans<br />
un cabinet de médecine de<br />
famille à Olten, mère de deux<br />
fillettes (1 et 4 ans), habite<br />
avec sa famille à Olten.<br />
Comment avez-vous trouvé<br />
votre partenaire pour le jobsharing?<br />
<strong>No</strong>us avons heureusement déposé en<br />
même temps notre candidature dans le<br />
même service. C’est notre chef qui a fait<br />
les présentations. Dès le début, nous nous<br />
sommes bien entendues et complétées.<br />
Rétrospectivement, nous avons eu de la<br />
chance que tout se passe si bien.<br />
Quels obstacles avez-vous dû<br />
surmonter?<br />
Comme nous étions en quelque sorte un<br />
projet-pilote, nous avons senti certaines<br />
réticences de la part de nos supérieurs<br />
hiérarchiques. Mais nous sommes restées<br />
soudées comme équipe. Il en est aussi né<br />
une belle amitié. Le soutien mutuel est<br />
très important, car le travail à temps partiel<br />
dans un service hospitalier implique<br />
toujours une charge de travail supplémentaire,<br />
je ne veux pas le nier. Pourtant,<br />
par rapport au travail à temps partiel<br />
traditionnel, le jobsharing apporte de<br />
nombreux avantages à tous.<br />
Quelles conditions doivent<br />
être remplies pour que le jobsharing<br />
réussisse?<br />
Les partenaires doivent avoir des atomes<br />
crochus. Il faut être prêt à faire des compromis<br />
et savoir bien planifier, car les<br />
vacances ou la répartition des jours de<br />
travail doivent être discutées avec une<br />
autre personne (et sa famille). Et à ce<br />
niveau-là, c’est comme dans toute relation:<br />
il est essentiel de déterminer les attentes<br />
mutuelles. Un feed-back régulier<br />
et une attitude positive sont fondamentaux<br />
pour une bonne collaboration.<br />
De plus, il est important de discuter ensemble<br />
des patients. Pour cela, l’employeur<br />
doit planifier des horaires de<br />
travail qui se recoupent. <strong>No</strong>us avions par<br />
exemple 5% de poste de présence commune<br />
pour discuter les cas des patients.<br />
Comment avez-vous eu l’idée<br />
de créer une plate-forme pour<br />
le jobsharing?<br />
<strong>No</strong>tre fille est née après ma première année<br />
de formation postgraduée. Après le<br />
congé maternité, j’ai repris mon travail à<br />
temps partiel. Pour ma partenaire de<br />
jobsharing et moi-même, ce modèle a fait<br />
ses preuves pour notre travail en milieu<br />
hospitalier. Quand j’ai réalisé qu’il n’existait<br />
pas de service de coordination pour<br />
les médecins travaillant à temps partiel,<br />
j’ai voulu y remédier. En janvier <strong>2018</strong>,<br />
nous avons lancé doppeldoc.ch.<br />
Comment fonctionne Doppeldoc?<br />
Le site web doppeldoc.ch permet aux médecins<br />
de toutes disciplines et fonctions<br />
de se rencontrer. Il suffit de s’enregistrer<br />
et d’indiquer la région, la discipline et la<br />
fonction. Dès qu’une autre personne avec<br />
un profil correspondant s’inscrit, les<br />
adresses e-mail sont échangées. La candidature<br />
et la prise de contact relèvent<br />
ensuite de la responsabilité des médecins.<br />
Doppeldoc existe maintenant<br />
depuis plusieurs mois. Quelles<br />
expériences avez-vous faites<br />
jusqu’ici?<br />
Les réactions sont très positives. Pour de<br />
nombreux médecins, les postes à temps<br />
partiel sont un besoin réel. Ils aimeraient<br />
consacrer, en plus du travail, leur temps<br />
à la famille ou aux loisirs. Hélas, pas tous<br />
les hôpitaux ne sont disposés à envisager<br />
des modèles de travail alternatifs. Ainsi,<br />
un couple qui a fait connaissance par<br />
Doppeldoc n’a pas pu déposer sa candidature<br />
dans l’hôpital souhaité. A l’avenir<br />
nous aimerions améliorer les possibilités<br />
pour un échange d’expériences sur notre<br />
site web. En effet, avec de bons arguments,<br />
il est possible de convaincre plus<br />
d’hôpitaux des avantages du jobsharing,<br />
nous en sommes certains.<br />
54 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 3 <strong>juin</strong> <strong>2018</strong>