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Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 225 - GUIDE DES COMMUNES 2019
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Pour une agriculture
de raison
PAR JULIEN BRUN
Un proverbe perse dit qu’«une centaine de citadins ne
peuvent dénouer le nœud fait par un paysan». La réalité est
que l’industrie agro-alimentaire défait les traditions agricoles
ancestrales depuis presque un demi-siècle. Le Luxembourg
semble pourtant à l’abri des productions de masse, des
fermes aux mille vaches et des scandales sanitaires qui
secouent régulièrement l’Europe. Rencontre avec Romain
Schneider, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du
Développement rural.
Si l’agriculture est victime du dérèglement
climatique, elle en est aussi
l’une des responsables; quel est le
modèle qui pourrait assurer une
production alimentaire respectueuse de
l’environnement?
Les agriculteurs sont en première ligne de
la défense des ressources naturelles dans
la mesure où ce sont eux qui sont dans
les prairies, champs et forêts. Les études
concernant le changement climatique
dénoncent des moteurs beaucoup plus
pollueurs que l’agriculture qui est à moins
de 10%. Je pense néanmoins qu’elle est
prête à prendre ses responsabilités.
Ces dernières années, nous avons beaucoup
fait, notamment par le biais de l’incitation
volontaire. Sur les 120.000 hectares réservés
à l’agriculture, 60.000 hectares sont couverts
par des mesures agro-environnementales
(eau, sol, biodiversité, etc.). Depuis l’année
passée, nous sommes même passés à 51%
de prairies permanentes par rapport à la
surface totale, ce qui permet, entre autres,
de récupérer le CO 2
et d’avoir un élevage
en plein air.
L’agriculture a des responsabilités et les
jeunes agriculteurs y sont sensibles. Prêts
à prendre les directions qui s’imposent, ils
y voient même des opportunités. Tout le
monde sait que d’ici cinq à dix ans, il n’y aura
plus de place sur le marché pour les produits
sans indication d’emballage quant à la nonutilisation
des OGM, des pesticides ou de la
réduction de CO 2
par exemple. Les cahiers
des charges sont de plus en plus stricts en
la matière et ceci parce que la demande des
consommateurs en termes de transparence
est de plus en plus grande. Il existe encore
de nombreuses étapes pour parvenir à une
agriculture plus responsable mais il n’existe
pas d’autre alternative.
Un point quant à la propagation du virus
de la peste porcine africaine...
Le Luxembourg est pour l’heure, toujours
exempt de la peste porcine africaine sur
son territoire. Cela vaut aussi bien pour
les exploitations porcines que pour les
sangliers. Nous avons testé plus de 200
sangliers trouvés morts dans la nature et
aucun cas n’a été détecté. La Belgique en
trouve dans le sud de la Wallonie mais ni le
Luxembourg, ni la France, ni l’Allemagne
ne semblent actuellement en être victime.
Le nouveau modèle de mise en œuvre de
la Politique Agricole Commune prévu
pour 2020, entend passer d’une politique
de conformité à une politique de résultat.
Les craintes d’une réduction de 15% des
aides accordées sont-elles fondées?
Elles pourraient l’être mais cela dépend
encore des deux grandes incertitudes
que sont le Brexit et la planification
pluriannuelle de l’Union européenne
encore en discussion. Nous ne pouvons
donc pas encore savoir quel sera le budget
de la PAC dans les années à venir.
Ce qui est certain, c’est que le Luxembourg,
par les mots du ministre des Finances et
des miens, s’est déjà engagé à maintenir
au niveau national les aides accordées aux
agriculteurs même en cas de diminution du
budget au niveau européen.
30% des aides sont actuellement liées à
des sujets environnementaux; accorder
plus d’autonomie aux pays membres
n’est-ce pas le risque que chaque pays
puisse faire ce qu’il veut en termes de
règles environnementales?
J’ai moi-même contribué à élaborer la
réforme de la PAC 2014-2020 qui a été
fondée sur un développement durable
de l’agriculture; force est de reconnaître
la complexité de son système et de ses
procédures. L’idée est d’intégrer certains
aspects de développement durable dans la
prime de base avec des conditionnalités et
des obligations concrètes. Certes, il n’y aura