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Du grand brûlé koala à la belle Gëlle Fra
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EDITION SPÉCIALE - BEST OF LG 227 - OCTOBRE 2019
ECONOMIE
Invest EU
Au lendemain de la crise financière, le plan Juncker a été lancé
avec l’objectif de redonner une énergie au tissu économique
européen. Cet effort de plus de 400 milliards d’euros, au
travers de la Banque Européenne d’Investissements, avait alors
l’ambition de combler la chute de 40% des investissements
pendant la crise. Invest EU, le nouveau plan pour l’Europe
prévu à l’horizon 2021-2027, entend quant à lui favoriser
la transition «carbon free», la transformation digitale de
nos sociétés et le développement de l’économie sociale et
solidaire. Fabio D’Aversa, économiste et associé chez PwC,
répond à nos questions.
Quels sont les éléments d’importance
capitale d’Invest EU?
Le plus important à mes yeux, c’est la transformation
de notre modèle économique
en faveur de la transition écologique. La
question du changement climatique est
dorénavant explicitement intégrée dans les
objectifs stratégiques. Les investissements
ne devraient donc pas bénéficier à des
activités économiques qui ne soient pas
susceptibles de produire un impact positif
sur l’environnement.
La deuxième nouveauté réside dans la
gestion d’Invest EU qui sera réservée à
75% à la BEI et ouvert à 25% à d’autres
institutions partenaires comme les banques
d’investissements nationales (la Caisse
de Dépôts et Consignation en France ou
la SNCI au Luxembourg par exemple).
Ce qui devrait nettement augmenter le
nombre de projets financés et l’utilisation
des fonds disponibles, mais aussi améliorer
l’allocation des ressources d’investissements
des gouvernements nationaux sur des
investissements en ligne avec les objectifs
stratégiques mentionnés.
Le troisième élément est les moyens mis en
œuvre pour l’assistance technique afin de
faciliter la finalisation et l’implémentation
des projets financés.
Même si pour l’heure, les discussions au
sein du Parlement européen sont encore
en cours, le budget total devrait à nouveau
tourner autour des 38 milliards d’euros de
garantie du budget de l’Union et atteindre le
montant de 650 milliards d’investissement
d’ici fin 2027.
Qui en bénéficiera?
Invest EU est une garantie dont bénéficieront
la BEI ainsi que les banques d’investissements
publiques des Etats membres. La réglementation
secondaire, qui n’est pour l’instant pas
encore publiée, devrait aussi faciliter le partenariat
avec les investisseurs privés.
Ces garanties permettront d’investir dans
les quatre axes prioritaires que sont: les
infrastructures soutenables, l’innovation
et la transformation digitale, les petites et
moyennes entreprises, l’économie sociale et
la formation.
La question du changement climatique et la
protection de l’environnement devront être
présentes dans tous les axes et dans tous les
investissements.
Quels seront les critères demandés?
La gouvernance d’Invest EU, qui s’échelonne
de 2021 à 2027, reste en cours de définition.
Nous savons déjà qu’il sera géré par un Comité
d’Investissements coordonné par les Services
de la Commission européenne. Il reviendra
à ce comité d’apprécier ou non, les plans
d’investissements qui lui seront présentés
par la BEI et les banques d’investissements
publiques, et ce notamment à la lumière des
quatre grands axes de priorités.
Le processus d’octroi devrait être simplifié
au maximum et mon optimisme réside dans
le fait que nous ne partons pas d’une feuille
blanche. Beaucoup de processus existent déjà
grâce à l’expérience de l’EFSI, le plan Junker,
et méritent seulement d’être optimisés.
Le Plan Juncker a montré que l’Union
européenne sait mobiliser les fonds; n’y
a-t-il pas néanmoins une insuffisance
dans leur mise à disposition aux PME
nécessiteuses?
Je pense que de gros efforts ont été réalisés
dans la reprise et le renforcement de crédits
octroyés par les banques européennes.
Ce qui leur a permis de débloquer et faciliter
les prêts aux PME et nous sommes même
arrivés à une situation de disponibilité
financière d’avant la crise.
Il faut cependant encore améliorer la
fluidité et l’accompagnement des PME dans
leur transformation digitale et énergétique.
Sur un autre sujet, les projets de
financement d’infrastructures pour la
production et la distribution énergétique
sont relativement prêts, mais connaissent
en effet des problèmes de finalisation des
dossiers et de mise en œuvre opérationnelle.
Toute une série d’embuches de dossiers et
d’autorisations grippent encore le processus
et c’est pour cela que 150 millions d’euros
seront dédiés à la facilitation des projets de
financement.
Quelles sont les retombées potentielles
en termes de création d’emplois et de
croissance?
Répondre à cette question relèverait plus
de la boule de cristal que du raisonnement
économique. Dans la mesure où la
transformation digitale n’en est qu’à ses
prémices, il est extrêmement difficile de
prévoir les évolutions de nos métiers et
la création de ceux de demain. C’est pour
cela que l’un des objectifs d’Invest EU est
d’améliorer les compétences des Européens
afin d’être équipé au mieux face au processus
de transformation.
Pour ce qui est de la croissance économique,
l’objectif principal est moins l’augmentation
du taux que la transformation de notre
modèle économique face au changement
climatique. N’oublions pas qu’abolir les
énergies fossiles d’ici 2050, ne nous laisse
qu’une toute petite fenêtre de réussite.
Il est certain que cette transformation va
créer des opportunités d’emplois dont
nos sociétés ont besoin pour réabsorber le
niveau de chômage qui reste encore trop
élevé. n