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Proust à Cabourg - Quatrième édition

Après plus de 850 lectures sur la version précédente, nous sommes très heureux de vous proposer la quatrième édition révisée de notre dossier (TPE) Proust à Cabourg, portant sur la relation entre le célèbre écrivain et la station normande. --------------------------------------------------------------------------------------------- Retrouvez l'édito et commentez cette publication sur notre site internet ➟ https://proustacabourg.weebly.com

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Marcel Proust prend ce petit-déjeuner dans

l’Aquarium, en lisant Le Figaro. Le nom attribué

à cette salle à manger située à côté du hall, qui

fascine le romancier peut surprendre : l’eau est

dehors et non dedans. En 1880, l’extension de

l’Hôtel de la Plage, avait permis de rapprocher le

bâtiment de la mer. Lucien Viraut a eu l’idée

géniale de faire de la salle à manger une galerie

qui, « large de onze mètres, offre une longueur de

plus de trente-cinq sur la mer. De ce côté, elle est

percée de baies de dimensions grandioses qui,

pouvant facilement descendre dans le sous-sol,

permettent, par le beau temps, d’avoir une salle à

manger complètement ouverte » (Le Figaro).

Marcel Proust lisant Le Figaro dans

l’Aquarium. Illustration de Jacques Falce.

Philippe Soupault, en vacances à Cabourg durant sa jeunesse, raconte qu’il se faisait un grand

brouhaha dès l’arrivée de Marcel Proust dans la pièce. Tous les grooms se précipitaient pour apporter

le fauteuil de rotin où il s’asseyait, parfois dehors sous son ombrelle. « Il parlait d’abord du temps

“comme les anglaises” disait-il, puis de ses maladies “compagnes chéries.” »

Cette salle de restaurant atypique a donné lieu à l’une des descriptions les plus célèbres de La

Recherche :

« Pendant de longs après-midi, la mer n’était suspendue en face d’eux que comme une toile d’une

couleur agréable accrochée dans le boudoir d’un riche célibataire, et ce n’était que dans l’intervalle

des coups qu’un des joueurs n’ayant rien de mieux à faire, levait les yeux vers elle pour en tirer une

indication sur le beau temps ou sur l’heure, et rappeler aux autres que le goûter attendait. Et le soir ils

ne dînaient pas à l’hôtel où les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande

salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre

duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois,

invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans les remous

d’or la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de

mollusques étranges : (une grande question sociale de savoir si la paroi de verre protégera toujours le

festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront

pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). »

La dernière réflexion du narrateur, sociale cette fois-ci, est très judicieuse. Après la Première

Guerre Mondiale et avec la crise de 1929, la grande bourgeoisie française va vivre une période

difficile. Les « gens obscurs » auront donc, comme l’avait pressenti Marcel Proust, réussi à « cueillir

dans leur aquarium » les « bêtes merveilleuses » du Grand-Hôtel.

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