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Proust à Cabourg - Quatrième édition

Après plus de 850 lectures sur la version précédente, nous sommes très heureux de vous proposer la quatrième édition révisée de notre dossier (TPE) Proust à Cabourg, portant sur la relation entre le célèbre écrivain et la station normande. --------------------------------------------------------------------------------------------- Retrouvez l'édito et commentez cette publication sur notre site internet ➟ https://proustacabourg.weebly.com

Après plus de 850 lectures sur la version précédente, nous sommes très heureux de vous proposer la quatrième édition révisée de notre dossier (TPE) Proust à Cabourg, portant sur la relation entre le célèbre écrivain et la station normande.
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professionnels, de montrer la tache brillante qu'il fait et que fait aussi la robe des chevaux, sur le

champ de courses. Quelle transformation de toutes choses dans cette immensité lumineuse d'un champ

de courses où on est surpris par tant d'ombres, de reflets, qu'on ne voit que là. » (À l’ombre des jeunes

filles en fleurs)

Une phrase peu après rappelle la naissance, avec les Impressionnistes, de toute une vague de

collectionneurs, parfois à contre-courant des goûts académiques. Leur rôle a été fondamental dans la

conservation d'un type de patrimoine pictural contesté à l'époque. Nous pouvons citer Paul Durand-

Ruel et fils, qui a consacré sa vie à la gloire des Impressionnistes. La valeur d'un tableau est un

discours auquel se rattache Elstir, mais aussi le narrateur. Peut-être Proust voyait-il la nécessité de

défendre certains artistes sous-estimés. De Rembrandt à Sisley, en passant par Vermeer, ses plus

célèbres actions pour la sauvegarde et la défense de la peinture sont les traductions de Ruskin qu'il

entreprend de 1899 à 1906.

« Et il ne savait pas si un petit “lever de soleil sur la mer” qu’Elstir lui avait

donné, ne valait pas une fortune. »

Le patron du restaurant de Rivebelle se questionne sur la valeur de son cadeau.

« Elstir aimait à donner, à se donner. Tout ce qu'il possédait, idées, œuvres, et le reste qu'il comptait

pour bien moins, il l'eût donné avec joie à quelqu'un qui l'eût compris. Mais faute d'une société

supportable, il vivait dans un isolement, avec une sauvagerie que les gens du monde appelaient de la

pose et de la mauvaise éducation, les pouvoirs publics un mauvais esprit, ses voisins de la folie, sa

famille de l'égoïsme et de l'orgueil. » (À l’ombre des jeunes filles en fleurs)

Proust reprend ici le stéréotype de l'artiste incompris ou figure du peintre dévoué corps et âme à

son art. Le lexique péjoratif (« isolement », « sauvagerie », « mauvaise éducation », « mauvais

esprit », « folie », « égoïsme », « orgueil ») sert ce propos.

Avec le portrait de Miss Sacripant dans l'atelier de l'artiste, où le narrateur reconnaît Odette de

Crécy transformée en transsexuel, Proust rapproche encore une fois son Elstir de ses modèles : « Mais

parce qu'il faisait de son portrait le contemporain d'un des nombreux portraits que Manet ou Whistler

ont peints d'après tant de modèles disparus qui appartiennent déjà à l'oubli ou à l'histoire. »

Mentionnons toutefois le goût prononcé d'Elstir pour le luxe. C'est devant un paysage marin qu'il

exprime sa passion des yachts, navires onéreux qui se multiplient sur la côte normande, à son nouvel

ami, le narrateur : « Le plus grand charme d'un yacht, de l'ameublement d'un yacht, des toilettes de

yachting, est leur simplicité de choses de la mer, et j'aime tant la mer ! Je vous avoue que je préfère les

modes d'aujourd'hui aux modes du temps de Véronèse et même de Carpaccio. Ce qu'il y a de joli dans

nos yachts – et dans les yachts moyens surtout, je n'aime pas les énormes, trop navires, c'est comme

pour les chapeaux, il y a une mesure à garder – c'est la chose unie, simple, claire, grise, qui par les

temps voilés, bleuâtres, prend un flou crémeux. »

Dans les pages suivantes, Elstir fait un éloge très instructif de ce que doit être un yacht et à quelle

sensibilité il se faut se référer lorsque l'on aime le luxe. Il enchaîne ensuite sur « les toilettes des

femmes sur un yacht », décrivant leur beauté transcendante lorsqu'elles ne font qu'un avec le décor

marin. Ces représentations et ces idées font tout de suite penser à Helleu.

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