Proust à Cabourg - Quatrième édition
Après plus de 850 lectures sur la version précédente, nous sommes très heureux de vous proposer la quatrième édition révisée de notre dossier (TPE) Proust à Cabourg, portant sur la relation entre le célèbre écrivain et la station normande. --------------------------------------------------------------------------------------------- Retrouvez l'édito et commentez cette publication sur notre site internet ➟ https://proustacabourg.weebly.com
Après plus de 850 lectures sur la version précédente, nous sommes très heureux de vous proposer la quatrième édition révisée de notre dossier (TPE) Proust à Cabourg, portant sur la relation entre le célèbre écrivain et la station normande.
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Le tableau est « irréel et mystique » de par le fait qu’il n’y a pas de limite prédéfinie. C’est une
caractéristique de l’impressionnisme que nous retrouvons notamment chez Monet ; « le poudroiement
de soleil et de vagues » nous rappelle la manière de peindre en virgules, chez les impressionnistes.
« C’était une belle matinée malgré l’orage qu’il avait fait. Et même on sentait encore les puissantes
actions qu’avait à neutraliser le bel équilibre des barques immobiles, jouissant du soleil et de la
fraîcheur, dans les parties où la mer était si calme que les reflets avaient presque plus de solidité et de
réalité que les coques vaporisées par un effet de soleil et que la perspective faisait s’enjamber les unes
les autres. »
Comme dans les représentations impressionnistes, Proust donne beaucoup d’importance au
paysage marin dans ce tableau. Le vocabulaire de la mer prédomine sur celui de la terre dans tout
l’extrait. « Si tout le tableau donnait cette impression des ports où la mer entre dans la terre, où la
terre est déjà marine et la population amphibie, la force de l’élément marin « éclatait partout ». Nous
pouvons voir dans cet extrait que les descriptions de la mer sont dominées par des inversions dans la
perception, la mer s’empare de la terre.
« Or, l’effort d’Elstir de ne pas exposer les choses telles qu’il savait qu’elles étaient, mais selon ces
illusions optiques dont notre vision première est faite, l’avait précisément amené à mettre en lumière
certaines de ces lois de perspective, plus frappantes alors, car l’art était les premiers à les dévoiler. »
Elstir représente alors le réel, les vagues, opposées à la montagne qui semble constituer la
métaphore de l’illusion marine qu’il est parvenu à créer (« selon ces illusions optiques dont notre
vision première est faite »). La mer est, pour Proust et pour son personnage Elstir, définitivement
retrouvée qu’à la condition d’être récréée.
« Le tableau relate une réalité qui est floue. »
Le tableau relate une réalité qui est floue, et qui semble présenter des personnages joyeux, qui sont
en harmonie avec le paysage et les éléments qui les entourent, nous pourrions penser qu’ils sont
inconscients du monde étrange dont ils font partie: « Une bande de promeneurs sortaient gaiement en
une barque secouée comme une carriole ; un matelot joyeux, mais attentif aussi la gouvernait comme
avec des guides, menait la voile fougueuse, chacun se tenait à sa place pour ne pas faire trop de poids
d’un côté et ne pas verser, et on courait ainsi par les champs ensoleillés, dans les sites ombrageux,
dégringolant les pentes. » Un paradoxe est encore présent : « chacun se tenait à sa place » et « on
courait ainsi » « dégringolant les pentes ». Les personnages sont presque irréels dans leur
comportement et leurs attitudes.
« Les joies intellectuelles que je goûtais dans cet atelier ne m’empêchaient nullement de sentir,
quoiqu’ils nous entourassent comme malgré nous, les tièdes glacis, la pénombre étincelante de la
pièce, et au bout de la petite fenêtre encadrée de chèvrefeuilles, dans l’avenue toute rustique, la
résistante sécheresse de la terre brûlée de soleil que voilait seulement la transparence de
l’éloignement et de l’ombre des arbres. Peut-être l’inconscient bien-être que me causait ce jour d’été
venait-il agrandir, comme un affluent, la joie que me causait la vue du “Port de Carquethuit” ».
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