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Edmond Sacré Portret van een stad - Gent Cultuurstad vzw ...

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cité, il a lui aussi mis en scène son propre travail.<br />

Le texte révèle la subtilité et la complexité de cette<br />

mise en scène.<br />

LES « PIERRES PARLANTES »<br />

DE SAINT‒BAVON<br />

Maarten Delbeke<br />

À la fin du dix-neuvième siècle, l’abbaye Saint-Bavon<br />

de Gand est devenue l’objet d’intérêts variés mais<br />

liés. Sous l’impulsion d’Auguste <strong>van</strong> Lokeren, ses<br />

ruines ont été préservées grâce à l’une des premières<br />

campagnes de conservation systématique.<br />

Son pittoresque avait inspiré de nombreux artistes<br />

et pionniers de la photographie, et attiré un nombre<br />

croissant de touristes. Étant l’un des sites les plus<br />

anciens de Gand, l’abbaye présentait un intérêt<br />

évident pour les historiens et les intervenants<br />

d’une histoire de l’art et de l’architecture naissante.<br />

Enfin, il s’agissait d’un lieu de mémoire, marqué<br />

de manière indélébile par quelques-uns des événements<br />

violents qui avaient éclaté au cours de la<br />

révolution belge.<br />

Ces intérêts divers et variés se sont retrouvés<br />

dans un éventail de productions de personnalités<br />

souvent liées à la société archéologique locale, la<br />

Société d’Histoire et d’Archéologie de Gand, qui,<br />

en 1894, a accueilli <strong>Edmond</strong> <strong>Sacré</strong> en son sein. Les<br />

images de Saint-Bavon produites dans ce contexte,<br />

par des personnalités telles Armand Heins, démontrent<br />

que, si les divers angles d’intérêt pour le site<br />

se distinguent sans cesse da<strong>van</strong>tage les unes des<br />

autres, distinguant le pittoresque de l’historique,<br />

ou l’artistique du scientifique, les images et leurs<br />

stratégies de représentation n’ont guère connu la<br />

même évolution. Ainsi, l’image pittoresque est-elle<br />

explicitement reconnue en tant qu’instrument permettant<br />

de donner forme à l’imagination historique<br />

et de la stimuler. Intentionnellement ou pas, les<br />

photographies de Saint-Bavon d’<strong>Edmond</strong> <strong>Sacré</strong><br />

entretiennent un dialogue avec cette tradition<br />

visuelle. Son emploi de tropes visuels particuliers<br />

en acquiert une signification plus riche.<br />

PARCOURS INTÉRIEURS<br />

Steven Humblet<br />

Au cours de sa carrière, <strong>Edmond</strong> <strong>Sacré</strong> a été chargé<br />

de photographier divers intérieurs. Par l’analyse<br />

approfondie de quelques-uns de ces clichés, en tant<br />

qu’entités autonomes et parties d’un plus vaste<br />

ensemble, cet article vise à mettre en lumière les<br />

méthodes de travail de ce photographe de la ville<br />

lorsqu’il travaillait en intérieur. Il se concentrera<br />

surtout sur deux séries en particulier, l’une consacrée<br />

à l’institution caritative municipale, le Bureau<br />

de Bienfaisance, et l’autre au Petit Béguinage.<br />

Grâce à une lecture minutieuse de ses choix formels<br />

et techniques (point de vue, format, orientation...)<br />

et de son utilisation des éléments intérieurs (les<br />

portes intérieures, en particulier), le spectateur<br />

contemporain pourra mieux comprendre comment<br />

[249]<br />

<strong>Sacré</strong> regardait et considérait de tels espaces.<br />

Dans les deux cas, il semble avoir eu l’intention de<br />

transformer la pièce photographiée en un espace au<br />

sein duquel le spectateur est appelé à se déplacer.<br />

En outre, chaque image génère une expérience particulière<br />

de l’espace : limitée et fermée dans la série<br />

consacrée au Bureau de Bienfaisance, urgente et<br />

vi<strong>van</strong>te dans celle du Petit Béguinage. Surtout,<br />

c’est grâce à cette façon spécifique de se déplacer<br />

dans la pièce, à laquelle nous incite chaque image,<br />

qui invite le spectateur à percevoir le caractère<br />

et la fonction de l’espace clos. L’espace intérieur<br />

nous révèle peu à peu des éléments de la nature<br />

du lieu contemplé : ce que signifie sa fonction<br />

d’institution municipale ou ce que signifie la vie<br />

au sein d’une communauté religieuse.<br />

PORTRAITS D’UNE VILLE<br />

Bruno Notteboom<br />

Ce chapitre est axé sur les séries photographiques<br />

de <strong>Sacré</strong> qui donnent de Gand une autre image que<br />

celle du centre historique : la périphérie effilochée<br />

de la cité, le port ou le Village moderne de l’Exposition<br />

universelle. Des images du centre historique<br />

sont néanmoins présentes : celles qui, dans le cadre<br />

de l’Exposition universelle, ont été intégrées à une<br />

approche plus nuancée de l’histoire de Gand. En<br />

l’occurrence celle d’Armand Heins. Les œuvres de<br />

<strong>Sacré</strong> peuvent être vues comme des archives qui<br />

donnent une image kaléidoscopique mais fragmentée<br />

de la ville, en grande partie déterminée par<br />

les attentes de dizaines de commanditaires, auteurs<br />

et éditeurs.<br />

Les photographies de <strong>Sacré</strong> sont issues des<br />

sources sui<strong>van</strong>tes : L’Habitation ancienne en Belgique<br />

— une série dans la collection de photos de<br />

la Commission des Monuments et des Sites réunie<br />

par Armand Heins —, l’Album du Vieux Gand, un<br />

volumineux album que Heins a composé avec Paul<br />

Bergmans à l’occasion de l’Exposition universelle,<br />

et des guides du Village moderne de l’Exposition.<br />

<strong>Sacré</strong> et avec lui les auteurs des publications<br />

dont il est question ici recourent invariablement<br />

à une juxtaposition ou à des séquences d’images<br />

pour visualiser l’espace urbain. Ils montrent la ville<br />

comme un espace cinétique. Le récit de <strong>Sacré</strong> est<br />

en tout premier lieu une construction visuelle ; il<br />

relate de quelle manière l’espace urbain se dévoile<br />

au spectateur en mouvement, en des points de vue<br />

successifs. <strong>Sacré</strong> ne se livre d’ailleurs pas lui-même<br />

à des déclarations explicites sur la ville : l’image<br />

photographique en soi ne dit pas ce que la ville<br />

devrait devenir et n’exprime aucun regret pour ce<br />

qui disparaît. Cette approche change néanmoins<br />

dès que l’image est reprise dans le contexte d’une<br />

publication. Les albums et guides parcourus semblent<br />

vouloir réserver une place au passé face à<br />

la violence rénovatrice de l’Exposition universelle.<br />

Dans certaines séries, <strong>Sacré</strong> n’en semble pas moins<br />

se débattre lui-même, en tant que photographe,<br />

avec la ville en transformation. C’est tout particulièrement<br />

le cas de ses clichés du port de Gand.

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