L'hipocrisie dans Dom Juan de Molière - Repositório CientÃfico do ...
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Pedrosa, Lúcia - L’hipocrisie <strong>dans</strong> <strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong> <strong>de</strong> Molière 199 -207où la statue lui dit « <strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong>, vous m'avez hier <strong>do</strong>nné parole <strong>de</strong> venir mangeravec moi » (126), il lui répond « oui » et lui <strong>do</strong>nne sa main. Ce oui ramène <strong>Dom</strong><strong>Juan</strong> à la réalité et à ce moment son langage <strong>de</strong>vient mystique: « O ciel! que sens-je? Un feu invisible me brûle, je n'en puis plus et tout mon corps <strong>de</strong>vient... » (127)Pour la première fois, il utilise le langage comme miroir <strong>de</strong> la vérité: la réalité <strong>de</strong> ladamnation. Le langage <strong>de</strong>vient un moyen <strong>de</strong> communication traditionnel.<strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong> tombe <strong>dans</strong> le gouffre qu'il avait toujours voulu éviter et il estdévoré par les flammes. Ainsi, « [le] Ciel offensé, [les] lois violées, [les] fillesséduites, [les] familles déshonorées, [les] parents outragés, [les] femmes mises àmal » (127) accomplissent leur vengeance. Cette tonalité tragique <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> lapièce est rompue par le cri égoïste, désespéré et en même temps comique, <strong>de</strong>Sganarelle: « Tout le mon<strong>de</strong> est content <strong>dans</strong> cette histoire. Il n'y a que moi seul<strong>de</strong> malheureux (...) Mes gages, mes gages, mes gages! » (127) Sganarelle est aussipuni, parce qu'il est en quelque sorte un <strong>do</strong>uble <strong>de</strong> son maître à un autre niveau.Il se montre toujours extasié avec l'éclat du langage <strong>de</strong> <strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong>: « Vertu <strong>de</strong> mavie, comme vous débitez! » (33) Il le voit comme son modèle linguistique etessaie <strong>de</strong> se lancer <strong>dans</strong> l'éloquence. Il parle souvent <strong>dans</strong> un ton <strong>do</strong>ctoral, mais ila <strong>de</strong>s problèmes à finir ses tira<strong>de</strong>s et emploie souvent <strong>de</strong>s lieux communs et <strong>de</strong>sphrases pompeuses qui n'ont pas <strong>de</strong> sens: « Quoique puisse dire Aristote et toutela Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac. » (25) À l'exemple <strong>de</strong> son maître, ilessaie aussi <strong>de</strong> faire jurer le Pauvre, « Va, va, jure un peu; il n'y a pas <strong>de</strong> mal » (78),et il se sert du langage pour tromper les autres, malgré lui: « Un père venir faire<strong>de</strong>s remontrances à son fils, et lui dire <strong>de</strong> corriger ses actions! (...) Cela peut-ilsouffrir à un homme comme vous, qui savez comme il faut vivre? (...) (À part.) Ôcomplaisance maudite! à quoi me réduis-tu? » (103) Mais Sganarelle s'opposeaussi à <strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong>. C'est un moralisateur lâche et balourd qui critique la conduiteet l'irréligion <strong>de</strong> son maître, seulement parce qu'il est très superstitieux et craint lechâtiment du Ciel. En effet, le dénouement <strong>de</strong> la pièce prouve qu'il a raison, carle Ciel et la société se vengent bien du couple <strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong>-Sganarelle.Molière, <strong>dans</strong> <strong>Dom</strong> <strong>Juan</strong> met en question la validité du langage. C'est uninstrument dangereux <strong>dans</strong> les mains <strong>de</strong>s hypocrites qui l'utilisent pour défierPolissema – Revista <strong>de</strong> Letras <strong>do</strong> ISCAP – Vol. 12 -2012206