de lëtzebuerger ziichter 2/2012 - Convis Herdbuch Service Elevage ...

17ème Carrefour des Productions animales
FLEISCHRINDER 71
« De la production à la consommation locales de
produits animaux »
Journée de conférences organisée par le Centre Wallon de Recherches Agronomiques
(CRA-W) et la Faculté universitaire Ulg-Gembloux Agro-Bio Tech, le Carrefour des Productions
Animales vise à rassembler chaque année un public aussi large que possible sur un
thème d’actualité. Pour sa 17 ème édition, le thème choisi était celui de la production et la
consommation locales de produits animaux : les possibilités, contraintes et éventuelles
causes d’échec de ce type de schémas étaient abordés au travers de divers exposés et
témoignages.
Frédérique Albers-Cornet
■ Engouement des consommateurs
Depuis plusieurs années, l’intérêt
des consommateurs pour l’achat
de produits locaux ne fait que se
développer. Un terme anglais a d’ailleurs
été créé en 2005 pour caractériser ce
type de comportement : « locavore ». Mais
pourquoi un tel engouement ? Suite aux
diverses crises traversées par le secteur
agricole (dioxine, vache folle,…) et la médiatisation
d’autres aspects tels que le
bien-être des animaux et la protection de
l’environnement, le consommateur montre
plus d’exigences. Pour lui, acheter
des produits locaux signifie acheter des
produits plus sûrs, plus sains, plus naturels,
en relation plus directe avec le producteur.
Le citoyen désire également consommer
« responsable », que ce soit d’un
point de vue environnemental (systèmes
de production moins intensifs, diminution
des distances de transport des marchandises)
ou social (maintien des traditions,
soutien de l’économie locale, augmentation
du retour financier au producteur).
Ceci mène donc au développement de
schémas de production-consommation
alternatifs au schéma conventionnel,
avec des circuits de distribution tels que
la vente par groupements de producteurs,
la vente par panier, la vente sur internet,
la vente par automates,… Ces schémas
ne constituent certainement pas LA solution
miracle pour sauver l’agriculture de la
crise mais ils peuvent cependant y contribuer
en aidant à maintenir la diversité
au sein des systèmes agro-alimentaires.
■ Consommation alimentaire
locale : est-ce toujours possible
et à quelle échelle ?
La notion de consommation alimentaire
locale sous-tend que les denrées alimentaires
sont produites, transformées et consommées
dans un espace géographique
restreint. Globalement, il faut se représenter
un disque centré sur le consommateur
final, dans lequel on trouve tout le
nécessaire aux activités de production et
de transformation des produits. Toute la
difficulté réside donc dans la détermination
du rayon à donner à ce disque : celui-ci
doit être suffisamment réduit pour préserver
le caractère « local » (en France, on
considère par exemple, que le rayon doit
être de l’ordre de 80-100 km maximum)
mais il doit cependant être suffisant pour
couvrir les besoins de la population qu’il
contient. Lors de son exposé, M. Beckers
de la faculté universitaire Gembloux Agro-
Bio Tech a développé le cas de la consommation
locale de produits animaux en
Belgique.
La comparaison entre la production de
ces produits sur l’ensemble du territoire
belge et leur consommation nationale
montre que la Belgique produit grosso
modo suffisamment pour couvrir les besoins
de sa population.
Par contre, lorsque l’on analyse comment
se répartissent la population humaine,
les populations d’animaux d’élevage et
les industries agro-alimentaires sur le territoire
belge, il apparaît clairement qu’en
voulant restreindre l’espace « local » en
dessous du niveau national, on réduit également
la gamme des produits animaux
disponibles dans cet espace. Cela revient
donc à créer un ensemble de cercles de
consommation locale entre lesquels des
transferts de produits sont nécessaires
pour couvrir les besoins de chacun.
Dans un second temps, M. Beckers a également
fait le point sur les ressources
végétales en Belgique : permettent-elles
réellement une production locale des produits
animaux ? La réponse est non. Au
niveau des céréales, la Belgique est nettement
déficitaire : malgré l’importance
de la surface agricole consacrée à ces
cultures et les excellents niveaux de rendement,
le pays ne produit actuellement
de lëtzebuerger ziichter 2|2012