EUCOR Sommeruniversität in den Umweltwissenschaften ...

point de départ à cette étude et ainsi dʼévaluer lʼefficacité
des mesure et lʼefficience des projets.
La première hypothèse était « les projets contribuent
à améliorer la qualité de la nappe ». Dʼaprès le dernier
inventaire de la qualité de la nappe, les teneurs en nitrates
semblent se stabiliser. Cependant, la contribution des
mesures prises par les agriculteurs à cette stabilisation
est difficile à évaluer. En effet, le temps de réaction de la
nappe est long et un ensemble de facteurs autres que les
pratiques agricoles entrent en compte.
La deuxième hypothèse était « les mesures entraînent
une baisse de la productivité des sols ». A court terme,
en Suisse et en Allemagne, on observe effectivement une
baisse de la productivité. En France ce nʼest pas le cas,
les mesures proposées ont pour objectif de maintenir
un rendement élevé. Quel sera, à long terme, lʼimpact
sur la productivité des sols ? En effet, une monoculture
intensive, telle quʼelle est pratiquée actuellement dans
la plaine rhénane, entraîne un tassement des sols et par
conséquent une dégradation de la qualité des sols.
La troisième hypothèse était « les mesures techniques
ont la priorité par rapport aux mesures écologiques ».
Lʼapplication de mesures écologiques suppose une
gestion intégrée des surfaces agricoles. Globalement, ce
sont des critères techniques qui ont primés pour la mise en
place de ces mesures par rapport aux critères écologiques
excepté pour la Suisse.
Enfin, « les projets étaient-ils élaborés davantage
sous lʼeffet de contraintes socio-économiques que de
connaissances scientifiques » ? On peut indiscutablement
répondre par lʼaffirmative. En effet, face à un même
problème de pollution par les nitrates, à des pressions
similaires sur la nappe phréatique, les réponses à cette
problématique sont différentes pour les trois pays
concernés, alors quʼils partagent la même connaissance
scientifique des problèmes.
Cette analyse suscite un certain nombre de
Seite / Page 76
questionnements. En outre, dans quelle mesure ces projets
contribuent à la préservation des ressources à long terme ?
Quelle peut être leur pérennité sachant que certaines
mesures dépendent de subventions ? Dans quelle mesure
ces différents projets peuvent-ils entraîner un changement
durable de lʼoccupation du sol agricole ?
Quelle est la participation et lʼimplication des différents
acteurs, quʼil sʼagisse du monde agricole mais également
associatif qui nʼest pas systématiquement représenté au
sein des comités de pilotage ?
Un autre enjeu est la nécessité dʼune gestion
trinationale des eaux souterraines, ressource qui ne
connaît pas de frontière. Pour les trois pays, la ressource
est commune, lʼobjectif est le même : préserver cette
ressource, mais les contextes sociaux, économiques et
administratifs sont très différents. Favoriser la coopération
constitue une étape indispensable pour gérer durablement
cette ressource commune.
Globalement, ces mesures semblent relativement
efficientes. Mais on peut se poser la question de leur
efficacité ? La présente étude sʼest intéressée aux nitrates
dʼorigine agricole alors quʻil existe des sources de
pollution dʼorigine industrielle mais aussi domestique.
La présence des produits phytosanitaires dans la nappe
phréatique suscite également des inquiétudes. De plus,
promouvoir sans cesse des mesures curatives est un
non sens ; lʼenjeu est de passer, enfin, à des actions
préventives efficaces afin dʼassurer une gestion durable
de la ressource en eau.
Finalement, le type dʼagriculture, choisi ou favorisé
actuellement au sein de nos sociétés, constitue-t-il
une agriculture durable ? Est-il en adéquation avec les
objectifs dʼune gestion intégrée de la ressource en eau ?
Quelle place veut-on donner à lʼagriculture dans nos
sociétés ? Et même au delà, quelles orientations souhaitet-on
donner à nos sociétés sachant quʼelles conditionnent
lʼagriculture ?