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journal of european integration history revue d'histoire de l ...

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Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen 133<br />

Antoine FLEURY en collaboration avec Lubor JILEK. – Le Plan Briand d'Union fédérale<br />

européenne. Perspectives nationales et transnationales, avec documents, Bern • Berlin<br />

• Frankfurt am Main • New York • Paris • Wien, Peter Lang AG, 1998, 610 p. – ISBN<br />

3-906760-61-8. – 82,00 SFr.<br />

On ne peut que se réjouir <strong>de</strong> disposer enfin <strong>de</strong>s Actes d’un colloque tenu au début <strong>de</strong>s années<br />

1990, qui fraya la voie à tant d’étu<strong>de</strong>s novatrices. L’édition en fut laborieuse en raison <strong>de</strong> la<br />

multiplicité <strong>de</strong>s intervenants; il faut saluer l’endurance dont fit preuve Lubor Jilek pour rassembler<br />

et relire l’ensemble <strong>de</strong>s communications. Le caractère tardif <strong>de</strong> la parution ne doit<br />

pas dissimuler, au regard d’initiatives postérieures, le caractère inédit qu’eut alors celle<br />

coordonnée par Antoine Fleury.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la réhabilitation d’une initiative diplomatique française longtemps considérée<br />

avec con<strong>de</strong>scendance – le «plan» d’Aristi<strong>de</strong> Briand était présenté comme l’ultime manifestation<br />

<strong>de</strong> l’opportunisme d’un homme politique aux convictions politiques variables –,<br />

au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’effort manifesté pour l’extraire du champ historique <strong>de</strong>s relations franco-alleman<strong>de</strong>s<br />

et l’inscrire dans celui, plus vaste, <strong>de</strong> la construction européenne, il s’est agi <strong>de</strong> faire<br />

travailler ensemble les historiens issus <strong>de</strong>s vingt-six Etats auxquels le Plan fut adressé en<br />

mai 1930. Le résultat est quasi-atteint (vingt-trois Etats sont représentés) avec cet ensemble<br />

<strong>de</strong> contributions, un peu inégales, mais qui, toutes, cherchent à restituer la spécificité <strong>de</strong><br />

l’approche <strong>de</strong> leur pays à partir <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong>s réponses parvenues au ministère français<br />

<strong>de</strong>s Affaires étrangères, <strong>de</strong>s archives accessibles dans leur pays respectif et <strong>de</strong> la documentation<br />

imprimée <strong>de</strong> l’époque. On dispose d’un ensemble cohérent, exhaustif, construit autour<br />

d’une même grille <strong>de</strong> questions, même si les analyses traduisent <strong>de</strong>s approches méthodologiques<br />

un peu différentes; l’expérience n’a d’ailleurs jamais été reproduite avec la même<br />

rigueur pour les étapes ultérieures <strong>de</strong> la construction européenne quelle qu’ait été la qualité<br />

<strong>de</strong>s articles produits. L’analyse <strong>de</strong>s réponses au plan Briand est précédée <strong>de</strong> contributions<br />

qui précisent le contexte économique, intellectuel, politique et culturel <strong>de</strong> parution du projet.<br />

On regrettera que dans sa mise en perspective <strong>de</strong> l’initiative briandiste et à la suite <strong>de</strong> son<br />

juste rappel <strong>de</strong> la marginalisation du Quai d’Orsay dans l’élaboration <strong>de</strong> sa première étape –<br />

le discours du 5 septembre 1929 – Jacques Bariéty n’ait pas souligné les <strong>de</strong>rnières avancées<br />

<strong>de</strong> la recherche dans la connaissance <strong>de</strong> l’élaboration du mémorandum du 1 er mai 1930<br />

livrées au cours <strong>de</strong>s débats du colloque. Si la paternité française du texte a été confirmée et<br />

précisée – la rédaction finale est due à Alexis Léger, le directeur <strong>de</strong> cabinet <strong>de</strong> Briand –<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa genèse a révélé la synergie et la convergence <strong>de</strong> différents pôles décisionnels<br />

dont le Service français <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Nations (rôle <strong>de</strong> Jacques Fouques-Duparc) et le<br />

comité économique <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Nations (notes d’Arthur Salter et <strong>de</strong> Pietro Stoppani).<br />

Cette genèse a son importance puisqu’en définitive, c’est bien sur le mémorandum que<br />

durent prendre position les gouvernements européens. Or, sa conception ne coula pas <strong>de</strong><br />

source, achoppant en particulier sur la nature politique du lien proposé ainsi que sur ses relations<br />

avec la gran<strong>de</strong> organisation internationale déjà existante, la Société <strong>de</strong>s Nations. De<br />

fait, le texte définitif <strong>de</strong>meura imprécis quant à la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’union politique préconisée,<br />

hésitant entre l’expression vidée <strong>de</strong> contenu politique <strong>de</strong> «lien <strong>de</strong> solidarité» et la<br />

notion d’union «fédérative» ou «fédérale». Comme s’il <strong>de</strong>vançait les critiques qui allaient<br />

lui être adressées, Alexis Léger veilla à placer le futur groupement régional européen sous le<br />

contrôle <strong>de</strong> la SDN.<br />

Les réserves dont le mémorandum était assorti n’empêchèrent pas les réticences <strong>de</strong> se manifester.<br />

Les réponses gouvernementales reflétaient soit le poids <strong>de</strong> la conjoncture – l’Allemagne <strong>de</strong><br />

Curtius n’était déjà plus celle <strong>de</strong> Stresemann –, soit <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> long terme – les refus <strong>de</strong>s<br />

années cinquante trouvent leurs racines dans ce premier «non» <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne à l’Europe –,<br />

soit du rapport <strong>de</strong> forces entre puissances ou encore <strong>de</strong>s préoccupations nationales ou régionales (cf.<br />

l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gouvernements centre-européens). Dans la mesure où les Etats-Unis apparaissent

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