chateaubriand. - Notes du mont Royal

6 LES MARTYRS,
sée ôntre deux pierres ? des lambeaux: de daims
et de chevreuils qu'on me jetoit quelquefois par
pitié f telle étoit ma nourriture, La moitié du
jéur j'étois abandonné seul sur mon lit d'herbes
fanées ; mais je souffiroi» encore plus de là présence
que de f absence des Barbares. L'odeur des
graisies mêlées de cendres de frêne dont ils
frottent leurs cheveux* la vapeur des chairs
grillées » le peu d'air de la hutte, et le nuage de
fumée qui la remplissoit sans cesse, me suffoqdoient.
Ainsi une juste Providence me faisoit
payer les délices de Naples, les parfums' et les
voluptés dont je m'étois. enivré*
» Le vieil esclave, occupé de ses devoirs, ne
poùvoit donher que quelques momenté k • mes
.peines. JPéteis totijours étonné de la sérénité -de
son visage 7 a ci milieu des travaux dont il étok
accablé :
« Eudore, me dit-il un soif, vos blessures, sont
presque guéries. Demain vous commencerez à
remplir vos nouveaux devoirs* Je -sais que Ton
doit vous envoyer avec quelques serfe chercher
du bois au fond de la forêt. Allons, mon fils et
mon compagnon, rappelez votre vertu. Le ciel
vous aidera si vous l'implorez. »
» A ces -mots, l'esclave s'éloigna, Jet me laissa
plongé dans le désespoir. Je passai k nuit dans
une agitation horrible-, -formant et rejetant tour