chateaubriand. - Notes du mont Royal

174 LES MARTYRS,
l'autel du véritable Dieu ; mais on va foire le dé*
nombrement du troupeau choisi. Quoique ce
dénombrement n'annonce enoore rien de funeste*
vos sentiments sont alarmés peut-être, et l'ave*
nir repose dans le sein de Dieu ; que le beau
présent que vous consentiez à me faire soit libre,
que votre volonté seule décide du destin de Cy*
modocée et du bonheur de mt vie. *
— ce Mortel généreux* répondit le vieillard ton»
ché jusqu'aux larmes, un dieu mit au fond de tes
entrailles la magnanimité des rois des premiers
temps ; et quand ta mère te donna le jour au
milieu des lauriers et des bandelettes, ce fut Ju*
piter même qui plaça dans ton sein ton noble
cœur ! O mon fils, que veux-tu que je fesse ? Tu
sais si ma fille m'est chère ! Ne pourroifxlte
devenir ton épouse sans embrasser la foi deà
Chrétiens ? Nous serions ainsi délivrés de toutes
craintes ; et sans exposer Cymodocée à des périk
nouveaux, tu la protégeroiscontre l'impie Hiéroclès.
a
—P ce Démodocusj répondit tristement Eudora >
je puis, par un effort plus qu humain, renoncer
à l'amour de votre fille; mais saches qu'un Chré*
tien ne peut recevoir une épouse souillée de l'encens
des idoles. Quel ministre voudrait bénir,
au pied de la Croix, l'alliance de l'Enfer et du
Ciel ? Mon fils entendra-t-il prononcer sur son