Forschung Migration und Gesundheit im Rah - Bundesamt für ...

de l’arrivée en Suisse où la personne ne dispose pas des connaissances
nécessaires lui permettant de s’orienter (notamment
une connaissance suffisante de la ville, un réseau social)
ni de moyens de subsistance (notamment une source de gains
et un logement). D’autre part, le moment où le provisoire tend
à se prolonger sans signe d’une issue possible, en d’autres
termes lorsque la situation précaire tend à devenir la norme.
Enfin, on constate que la famille est une ressource importante
pour les personnes interrogées. Que celle-ci soit en Suisse ou
dans le pays d’origine, elle donne un sens aux difficultés que
rencontrent les migrants en situation précaire. Et cela même si
d’un autre point de vue, la famille représente aussi une charge
financière et une source de préoccupation. La famille donne
sens à la migration, aux sacrifices et joue un rôle de garde-fou
par rapport à l’estime de soi.
3.3 Typologie des comportements de santé des migrants
précaires
A partir de ces facteurs d’influence, nous distinguons quatre
types de comportements propres aux différentes situations de
précarité en fonction du contexte étatique et de la marge de
manœuvre utilisée et/ou développée par les personnes. Ces
quatre types permettent d’expliquer qui développe des comportements
en santé et qui se trouve dans l’incapacité non
seulement de créer ou mobiliser de tels comportements mais
de penser même à sa santé et son bien-être.
1. Volontariste. S’apparentent à ce type les personnes avec un
permis F au bénéfice d’une activité lucrative. Ces personnes
tirent profit selon leurs possibilités de leur autorisation de séjour
malgré les handicaps de celle-ci. Ce modèle est gagnant
par rapport aux trois autres mais il s’avère sans doute minoritaire.
L’attitude volontariste tire un bénéfice qui s’étend aux
comportements de santé. Ces personnes sont celles qui se
rapprochent le plus de comportements de maintien en santé
qui vont au-delà de la simple prévention et d’une perspective
mécanique du corps. Non seulement elles utilisent les offres
de santé existantes mais de plus elles développent leurs
propres stratégies de maintien en santé.
2. Anomique. Ce concept développé par Emile Durkheim est
utilisé pour décrire une situation où les normes et valeurs sociétales
manquent ou ne sont pas comprises et où dès lors
les personnes se sentent perdues face aux choix qu’elles
doivent faire. Nous utilisons ce concept ici dans un sens plus
large faisant à la fois référence à une situation et aux comportements
des personnes qui en découlent. Ce type représente
le décalage que rencontrent des personnes ayant bénéficié
d’un statut de séjour et des droits correspondants les
ayant complètement pris en charge et de ce fait infantilisées
et qui se retrouvent privées de ceux-ci sans avoir pu développer
les ressources individuelles nécessaires à leur autonomie
en l’absence de ce cadre. Elles se retrouvent dans
une situation d’anomie: d’une part elles ne comprennent les
règles de la société où elles résident et qui les privent de
droits dont elles bénéficiaient; d’autre part elles se trouvent
propulsées dans une situation de survie face à laquelle elles
sont démunies. Dans leur cas la santé est seulement considérée
comme un luxe qu’elles ne peuvent se permettre.
Elles ne parviennent ni à créer ni à mobiliser des stratégies
de santé.
3. Fataliste. On regroupe ici des personnes qui subissent le
cadre structurel dont elles tirent les ressources minimales.
Victimes de la situation dont elles ne parviennent à tirer
profit, elles sont enlisées – en stand-by – dans les problèmes
du présent. Comme pour les autres aspects de leur
vie, ces personnes adoptent un comportement passif par
rapport à leur santé et se laissent davantage influencer par
les événements externes. Elles perdent avec le temps la
responsabilité et le contrôle de leur corps qui sont délégués
à des personnes externes (aux professionnels de santé ou
aux autorités). Ainsi, elles ne parviennent à développer des
ressources propres de santé mais se bornent à utiliser les
offres de soins disponibles.
4. Acteur. Ces personnes se différencient du type volontariste
dans leur processus de migration proactif tandis que les seconds
s’apparentent à une migration réactive (faisant suite
à une situation de guerre ou de violence). Ce type comprend
en outre les personnes qui, ne bénéficiant pas ou de
manière anecdotique de soutiens structurels, s’appuient
uniquement sur leurs propres ressources. Sachant pour
certaines avant d’arriver en Suisse qu’elles ne pourraient
compter sur les structures étatiques, ces personnes ont
pu s’adapter très rapidement à leurs nouvelles conditions
de vie. Ces personnes adoptent des comportements de
prévention par rapport à leur santé, mais ceux-ci ne sont
pensés qu’en vue de pouvoir poursuivre leurs activités quotidiennes
et en particulier leurs activités lucratives. Elles
développent pour leur santé des ressources importantes
et mobilisent également des stratégies quotidiennes de
résistance. Cependant ces stratégies s’insèrent dans leurs
conditions actuelles et ne tendent pas vers une promotion
de la santé avec une visée à plus long terme.
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