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la catastrophe - Manioc

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160 LA CATASTROPHE DE LA MARTINIQUE<br />

du noircissement. Ainsi les sexes étaient respectés. Il y<br />

avait de <strong>la</strong> rigidité chez certains cadavres d'hommes.<br />

Mais pas chez tous. C'était plutôt l'exception. Beaucoup<br />

de femmes, celles que l'on devinait jeunes, avaient les<br />

seins intacts.<br />

« Tous les cadavres étaient nus. Scalpés, épilés. Chez<br />

beaucoup l'abdomen avait éc<strong>la</strong>té. Et les intestins sail<strong>la</strong>ient,<br />

non brûlés. Ils avaient couleur vio<strong>la</strong>cée, lie de<br />

vin.<br />

« Il n'y avait plus trace de vêtements, ai-je dit ; à<br />

quelques cadavres, les souliers restaient ; j'ai vu un<br />

corps de jeune fille où les pieds noircis par le feu, sans<br />

bas, étaient encore chaussés d'escarpins dont le vernis<br />

avait simplement craquelé.<br />

« Les différences de brûlures peuvent s'expliquer par<br />

l'action de l'explosion brû<strong>la</strong>nte, du feu, sur les muscles.<br />

Sous cette action, les plus forts se sont contractés, ont<br />

mis les membres en flexion ; les plus faibles ont été<br />

forcés à l'extension, et les plus exposés ont brûlé plus<br />

que les autres. Ce mécanisme explique <strong>la</strong> situation des<br />

corps à peu près tous observés les membres fléchis, le<br />

buste en extension, <strong>la</strong> tête en arrière, le cou sortant.<br />

Ce fléchissement dans le feu a fait saillir les genoux,<br />

les poignets... J'ai vu des avant-bras dont les os pointaient,<br />

crevant les poignets des mains fléchies.<br />

« La mort de tous fut instantanée. Des corps étaient<br />

figés, fixés dans les attitudes des actes accomplis au<br />

moment de <strong>la</strong> sidération ou si vous préférez de l'asphyxie<br />

générale. J'ai vu le cadavre d'un homme accroupi...<br />

C'était son heure. Et <strong>la</strong> situation dans <strong>la</strong>quelle<br />

il fut surpris par le destin montre bien qu'il ne supposait<br />

pas que cette heure fût celle de sa mort. Des gens,<br />

a-t-on dit, fuyaient, voyant venir le danger. Celui-là

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