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la catastrophe - Manioc

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178 LA CATASTROPHE DE LA MARTINIQUE<br />

écartées. Quelquefois, on ne voyait que des moitiés de<br />

corps. (Le 26, j'ai trouvé <strong>la</strong> moitié d'un homme sur <strong>la</strong><br />

Savane.)<br />

Essayez de vous représenter l'horreur de cet immense<br />

charnier aux premiers jours, quand le voyait M. Rozé,<br />

quand le voyaient les autres personnes qui m'ont communiqué<br />

leurs observations ! quand on n'avait encore<br />

inhumé ni brûlé aucun corps !...<br />

Et les odeurs !...<br />

Le 9, c'était une odeur âcre, complexe, indéfinissable,<br />

du volcan et de <strong>la</strong> rôtisserie, ateliers des poudres et<br />

cuisine graillonneuse, une odeur qui vous piquait <strong>la</strong><br />

gorge. Il n'y avait pas encore de relents de putréfaction.<br />

Il est vrai que plus tard...<br />

Le 11, M. Rozé al<strong>la</strong> au Carbet, à <strong>la</strong> petite anse. Près<br />

de <strong>la</strong> côte, il y avait une maison brûlée. Beaucoup de<br />

cadavres. Ils étaient légèrement rôtis. Ils avaient les<br />

yeux bouffis, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue hors de <strong>la</strong> bouche.<br />

Un chien n'était pas brûlé du tout, même pas roussi.<br />

Sa <strong>la</strong>ngue pendait. Et il y avait, à côté de lui une f<strong>la</strong>que<br />

de sang noir.<br />

En s'éloignant de <strong>la</strong> côte, on notait <strong>la</strong> décroissance<br />

d'intensité du phènomène. Des arbres étaient entiers,<br />

les feuilles à peine roussies. On trouvait des cadavres<br />

encore vêtus et sans brûlures. Ils avaient <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue dehors<br />

et des taches de sang noir à côté d'eux. Dans une<br />

maison où se trouvaient quatre victimes, saisies par <strong>la</strong><br />

mort dans leurs occupations du moment, et dont les<br />

attitudes ne marquaient aucune angoisse, il y avait<br />

quatre êtres vivants, chiens et chats. Une chienne était<br />

légèrement brûlée aux tétines. Elle regardait, les yeux<br />

atones. Elle ne bougeait pas. Quand on <strong>la</strong> prit, elle ne<br />

fit pas de mouvement, elle n'aboya point. Un petit

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