Chapitre 1 : LE REPÉRAGE FONDAMENTAL - La linguistique du ...
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Le repérage fondamental<br />
- Aktionsart, conjugaisons et marqueurs aspectuels supplémentaires -<br />
Au travers de son étude <strong>du</strong> système verbal <strong>du</strong> wolof, Stéphane Robert définit le<br />
paradigme <strong>du</strong> ‘parfait’ comme une opération indiquant un état résultant. Avec un procès<br />
discret, cet état résultant renvoie à de l’accompli ou à <strong>du</strong> parfait, alors qu’avec les procès<br />
compacts, l’état résultant renvoie à un fait d’actualité. Mais de quel moment résulte cet<br />
état ?<br />
Selon Paillard, tout procès discret – qu’il renvoie à une activité, à un accomplissement<br />
ou à un achèvement –implique une succession de changements d’état dont trois phases<br />
essentielles qui sont le déroulement puis le terme (la frontière) et enfin l’après. C’est<br />
d’ailleurs la prise en compte de cette frontière qui permet au paradigme <strong>du</strong> ‘parfait’ (mais<br />
aussi dans une certaine mesure, aux paradigmes emphatiques de l’accompli, et à<br />
l’exception <strong>du</strong> présentatif et <strong>du</strong> narratif, deux paradigmes aoristiques), de stipuler que l’on<br />
est dans la zone consécutive (l’état résultant) au terme temporel, permettant ainsi<br />
l’expression des valeurs de parfait ou d’accompli. C’est donc bien l’existence d’un terme<br />
propre aux procès discrets qui permet d’expliciter ce genre de valeur. Voici comment nous<br />
pourrions figurer une telle opération, à partir <strong>du</strong> modèle de Gosselin tout en tenant compte<br />
des considérations de Paillard (la saillance d’un état défini par rapport au terme) :<br />
Verbe discret + ‘parfait’ (ou emphatiques) : explicite que T0 est situé dans<br />
un intervalle consécutif au terme <strong>du</strong> procès (accompli / parfait) :<br />
Wax nga ko ba noppi<br />
Dire 2sg+parfait dire jusqu’à finir<br />
Tu l’as déjà dit<br />
B1<br />
B2<br />
déroulement après<br />
terme<br />
A l’opposé, les procès compacts qui renvoient à une propriété (notée p), obéissent à un<br />
fonctionnement binaire (et non à un comportement ternaire comme les procès<br />
discrets) puisqu’ils permettent de valider l’existence d’une propriété p ou l’inexistence de p<br />
(non-p) sans état intermédiaire, sans limite, sans borne. L’usage d’un paradigme de<br />
l’accompli (parfait ou emphatiques) permet de valider l’existence de la propriété p au<br />
moment de T0.<br />
Verbe compact + parfait / emphatiques : stipule l’existence en T0 d’une propriété<br />
Jébbal naa la sama bopp ba mu jeex takk<br />
Offrir 1sg+parfait toi ma tête jusqu’à 3sg+narratif être_épuisé entièrement<br />
Je me confie totalement à toi (litt. je t’offre ma tête jusqu’à ce qu’elle soit épuisée)<br />
I<br />
T0<br />
II