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Mémoires de Jacques de Mercoyrol de Beaulieu

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138 CAMPAGNES [1757]<br />

grièvement blessé. Il éloit tombé à vingt pas <strong>de</strong>s<br />

ennemis. Mon entbousiasme se joint aux sentiments<br />

quej'avois pour lui ; je me place donc entre lui et<br />

les ennemis, désirant lui faire une égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma<br />

personne ; je l'invite à se lever ; il me répond :<br />

« Tout à l'heure. » A cet instant vingt balles viennent<br />

labourer le gazon à côté <strong>de</strong> nous ; je le lui fais<br />

observer ; il y regar<strong>de</strong>. Dans ce moment d'autres<br />

V viennent frapper ; il voit le danger et, s'aidant<br />

d'un arbre qu'il tient, je passe alors mes <strong>de</strong>ux bras<br />

sous les siens en le tenant par <strong>de</strong>rrière. Étant <strong>de</strong>bout,<br />

il remue ses <strong>de</strong>ux jambes pour voir s'il n'a pas<br />

quelque fracture ; il les trouve l'une et l'autre exemptes<br />

<strong>de</strong> cet acci<strong>de</strong>nt ; je le saisis sous le bras et l'ai<strong>de</strong> à<br />

venir au bataillon, où arrivé je fais serrer les files<br />

<strong>de</strong> ma compagnie, le fais passer <strong>de</strong>rrière et lui donne<br />

un soldat <strong>de</strong> ma compagnie qui lui donne le bras ;<br />

chaque file à mon comman<strong>de</strong>ment reprend ses<br />

distances et je reste à leur tête.<br />

Le moment d'après, nous sommes instruits que<br />

M. <strong>de</strong> Gascoin, notre lieutenant-colonel, détaché<br />

aux grenadiers sous M. le comte du Châtelet, colo-<br />

nel alors <strong>de</strong> Navarre, aujourd'hui lieutenartt-général,<br />

colonel du régiment du Roi-infanterie, vient d'être<br />

tué. Au même instant ce M. du Châtelet, soutenu<br />

sous ses <strong>de</strong>ux bras par <strong>de</strong>ux officiers du régiment<br />

<strong>de</strong> Navarre (l'un se nommoit I^estra<strong>de</strong>, <strong>de</strong> ma con-<br />

noissance), vient à nous, la cuisse et la botte cou-<br />

vertes <strong>de</strong> sang, ayant un coup <strong>de</strong> feu à peu près<br />

dans l'aine. En approchant <strong>de</strong> nous, il dit à ces<br />

officiers d'une voix très distincte : « Il faut savoir<br />

donner son sang et sa vie pour le service <strong>de</strong> son

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