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Mémoires de Jacques de Mercoyrol de Beaulieu

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168 CAMPVGNES [1757]<br />

il lui (lil fju'à minuit (c'étoit la veille <strong>de</strong> Noël), toutes<br />

les troupes se mettroient en mouvement pour se<br />

porlei- au pont où elles étoient <strong>de</strong>stinées à passer la<br />

rivière. L'artillerie, les officiers généraux et tous<br />

les agrès nécessaires au jour d'une bataille rendus<br />

à leur <strong>de</strong>stination à minuit sonnant, on se mit en<br />

marche. I^a saison donne à penser combien le froid<br />

étoit excessif, et cette nuit il sembloit s'être accru ;<br />

pas un officier ne pouvoit tenir à cheval, mais marehoit<br />

couvert <strong>de</strong> son manteau : ils n'en étoient pas<br />

moins pénétrés du froid ^...<br />

()u'on se représente le soldat vêtu <strong>de</strong> guêtres,<br />

comme il l'est toute l'année, la plupart sans bas <strong>de</strong>s-<br />

sous et la chair <strong>de</strong>s jambes paroissant à travers les<br />

boutonnières <strong>de</strong> ces guêtres, commej'en voyois une<br />

infinité ; qu'on se figure, pour les plaindre un peu<br />

plus, que le froid fut si cuisant que, lorsqu'au point<br />

du jour nous arrivâmes au pont pour le passer, où<br />

l'on s'arrêta une <strong>de</strong>mi-heure ou trois quarts d'heure<br />

et où les soldats comme les officiers voulurent man-<br />

ger un morceau, tous les pains étoient gelés, tant ceux<br />

<strong>de</strong>s soldats que ceux dans les cantines <strong>de</strong>s officiers ;<br />

que, pour satisfaire à cet appétit <strong>de</strong> nécessité, vite et<br />

tôt l'on fit <strong>de</strong>s feux pour faire dégeler le pain. Le<br />

vin étoit également glacé dans les flacons; les offi-<br />

ciers furent obligés <strong>de</strong> les présenter au feu pour le<br />

1. L'auteur rappelle que, dans son pays <strong>de</strong> Vivarais, les mule-<br />

tiers obligés <strong>de</strong> traverser en hiver les montagnes couvertes <strong>de</strong><br />

neige, se défen<strong>de</strong>nt du froid en plaçant leur bonnet <strong>de</strong> laine<br />

sous leur veste, du menton au bas-ventre ; il engage ses cama-<br />

ra<strong>de</strong>s à se munir <strong>de</strong> bonnets <strong>de</strong> laine, très utiles aussi pour se<br />

couvrir la tète pendant les nuits froi<strong>de</strong>s.

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