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Mémoires de Jacques de Mercoyrol de Beaulieu

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202 CAMPAGNES [1760]<br />

J'avance encore quelques pas a\ec le projel <strong>de</strong><br />

continuer à tourncM- el couper, si je le pouvois, les<br />

troupes à ma droite qui fuyoient, lorsqu'au même<br />

instant, il me semble entendre parler allemand à ma<br />

i^auche et <strong>de</strong>rrière moi ; je me tourne et je vois<br />

une compagnie <strong>de</strong> grenadiers (leurs bonnets me les<br />

désignant être tels) ; elle étoit liessoise. Par ce petit<br />

arrêt, je me trouve seul ; les dix ou douze premiers<br />

cliasseursqui me suivoient, ne s'apereevant pas que<br />

je m'étois arrêté, suivoient les ennemis qui étoient<br />

à droite, où j'avois désigné l'officier à l'écharpe.<br />

J'ai dit que la compagnie <strong>de</strong> grenadiers <strong>de</strong> Saint-<br />

Maurice faisoit feu dans une petite ruelle à leur<br />

gauche ;<br />

c'étoit contre cette compagnie liessoise, qui<br />

gardoit ce débouché et vis-à-vis laquelle je me<br />

trouve seul l'espace <strong>de</strong> trois ou quatre minutes,<br />

à trente pas d'eux. Voici à quoi j'attribue leur<br />

première indécision : ma redingote étoit rouge<br />

et ils me prirent pour un Hanovrien, puisque la<br />

troupe à leur gauche l'étoit. Revenus <strong>de</strong> leur erreur,<br />

toute cette compagnie fait haut les armes. Seul et<br />

plus leste qu'eux, je les mets en joue et, sans tirer,<br />

je promène le bout <strong>de</strong> mon arme sur tout leur front,<br />

les menaçant par là chacun en particulier et pour<br />

que chacun d'eux pût croire que mon coup <strong>de</strong> fusil<br />

étoit pour lui. Dans cette critique position, ils me<br />

tit-ent successivement leurs cinquante coups <strong>de</strong> fusil,<br />

car ils étoient ce nombre ; ce qui les y porta, c'est<br />

qu'ils me voyoient toujours <strong>de</strong>bout et que chacun<br />

espéroit <strong>de</strong> me jeter par terre.<br />

Cette fusilla<strong>de</strong> fit que dix ou douze <strong>de</strong> mes chas-<br />

seurs, qui étoient ceux du centre <strong>de</strong> ma compagnie,

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