29.06.2013 Views

103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

L'Étoile-Absuithe<br />

touinées <strong>103</strong>-<strong>104</strong><br />

dans l'histoire - ce qui est rare pour un<br />

spectacle de trapèze : est-ce son amour<br />

ou sa mort qu'elle exprime par cet acte<br />

périlleux? Mais quelle ébouriffante surprise<br />

quand, se tenant debout, s'élançant<br />

toujours plus haut, elle disparaît derrière<br />

nos têtes et revient, comme dans un jump<br />

eut, le corps tombé à la vitesse du couperet<br />

de la guillotine, la tête <strong>des</strong>cendue à la<br />

hauteur de la barre, et en position de crucifiée.<br />

.. Après quelques gigotements son<br />

énergie s'alanguit en <strong>des</strong> mouvements de<br />

couleuvre de moindre envergure, pour se<br />

vider d'un trait comme un sac s'éventre,<br />

cueillie dans le mouvement même par un<br />

larbin en <strong>des</strong>sous qui l'emporte, fardeau<br />

léger. Il ne reste sur scène que Bosse-de-<br />

Nage pour mesurer la hauteur qui le sépare<br />

du perchoir céleste. Un grand moment<br />

théâtral parfaitement encadré.<br />

Le désespoir de Faustroll à ce moment<br />

prouve que le « dépassement <strong>des</strong> lois<br />

humaines » annoncé dans le programme<br />

n'est pas de ce monde, et qu'il lui faudra<br />

la mort pour les franchir. Ceci est le propos<br />

même de <strong>Jarry</strong>, mais on peut regretter<br />

que Faustroll fît montre de tant d'émotion<br />

sur scène, lamentations, colère ou joie.<br />

La sérénité du personnage romanesque<br />

définit l'essence du pataphysicien, et les<br />

cris en tout genre paraissaient excessifs,<br />

surtout dans les scènes qui auraient pu<br />

bénéficier de plus de dialogue (ou de voix<br />

off ?). Une autre critique que l'adaptation<br />

soulève serait la cohérence proprement<br />

théâtrale du spectacle. Autour d'un vin<br />

chaud après la représentation, Bauruel<br />

nous a entretenu du dél icat équi 1 ibre entre<br />

théâtralité et explication de texte : si l'on<br />

explique <strong>Jarry</strong>, on fait de la didactique et<br />

ce n'est pas du théâtre et ce n'est pas amusant<br />

pour le spectateur, alors que si l'on<br />

144<br />

présente les scènes comme de la poésie,<br />

avec tout l'agrément de la théâtralité<br />

(masques, sculptures, marionnettes, projections,<br />

mécanique, dispositifs baroques<br />

en tout genre, danse, musique originale,<br />

cirque... tout y était !), alors le spectateur<br />

peut tisser ses propres liens, suivre ses<br />

propres thématiques et interpréter le texte<br />

comme il le veut... au risque de se sentir<br />

parfois dépassé par tant de significations<br />

potentielles. Mais sans doute fallait-il<br />

tendre comme un perchoir aux petites<br />

pattes intelligentes du spectateur un fil<br />

conducteur, même simpliste, et aisément<br />

repérable à l'intérieur de la pièce plutôt<br />

que dans un programme-manifeste. Par<br />

exemple, pour faire ressortir l'idée que<br />

Faustroll voyage (n'est-ce pas déjà un bon<br />

moteur théâtral?). Ainsi, nous aurions<br />

aimé voir l'as, l'abordage et le moment<br />

où il échoue.<br />

Peinture, poésie, carnaval de sculptures<br />

articulées... le spectacle était difficile,<br />

comme l'est le roman, mais d'une<br />

rare richesse visuelle. On le voudrait<br />

sous la forme d'un livre d'images que<br />

l'on pourrait parcourir à loisir et revisiter<br />

pour mémoire. L'éphémère a ses joies et<br />

ses envolés fragiles, mais il est du théâtre<br />

que l'on voudrait préserver comme un<br />

papillon-joyau aux reflets changeants.<br />

Tel le chariot de Thespis, la compagnie<br />

Tralala Splatch sillonne la France<br />

avec trapèze, marionnettes et machine à<br />

décerveler, et propose aux nobles comme<br />

aux villageois La Parade du Roi Ubu et<br />

Le Roi Bubut (adaptation A'Ubu sur la<br />

Butte).<br />

Contact : Joël Bluteau, 167, rue d'Alésia<br />

75014 Paris : 01 45 39 44 36. Diffusion :<br />

Laetitia Bluteau : 01 47 21 87 63.<br />

E-mail : tralalasplatch@yahoo.fr.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!