103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Laurent de Freitas
Gourmont et de Perbindérion qui marque le goût certain de Jarry pour
l'estampe et la peinture, portrait par le Douanier Rousseau exposé aux
Indépendants de 1895, collaboration avec le Théâtre de l'Œuvre pour la création
d'Ubu roi, avec Bonnard et Vuillard pour les décors, ... Pour Fargue
on ne connaît guère que sa collaboration en 1895 avec Maurice Delcourt et
Fabien Launay pour les bois gravés de Tancrède''.
Depuis, quelques nouveaux éléments éclairent un peu cette période
marquée par la rencontre, puis l'amitié, les « fréquentations d'art », selon
un titre de Fargue de l'époque, et l'entrée dans la sphère littéraire des deux
amis. Nous allons tenter d'en suivre le fil.
Rencontres et vie lycéenne
EN AVRIL 1892, à la suite du déménagement de ses parents du quartier de
Passy au 80, boulevard Magenta, Fargue quitte le lycée Janson-de-Sailly
et entre, ce qui, nous le verrons, ne semble maintenant plus faire de doute, à
Henri-IV au dernier trimestre pour terminer son année de rhétorique (lrc) 7.
De ce moment date sa rencontre avec Jarry. Celui-ci se trouve dans une classe
bien au-dessus, la Rhétorique supérieure, qui prépare à l'entrée à l'École
normale supérieure. Fargue vient juste d'avoir seize ans et Jarry va sur ses
dix-neuf ans. Mais celui-ci n'est à Paris que depuis octobre 1891. Ils sont tous
6. Sur Henri-IV et le concours de L'Echo de Paris, voir L.-P. Fargue, Refuges, Gallimard,
1966; chapitres « Montmartre-le-Vieux »; « Mon Vétéran »; « Un sage ».
Sur Jarry et la peinture, voir Peintures, gravures et dessins d'Alfred Jarry, Collège de
'Pataphysique, 1968, p. 12 & Henri Béhar, « Jarry, Rousseau et le populaire », catalogue
de l'exposition du Grand Palais, Paris, sept 1984-janv 1985, éd de la R.M.N., 1984. p. 27.
7. On notera que le doute qui a longtemps plané sur l'inscription de Fargue à Henri-IV
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tient en partie à cette confusion entre la classe de rhétorique correspondant à notre
classe de première actuelle, et sanctionné par la première partie du baccalauréat, et la
classe de rhétorique supérieure, notre hypokhâgne actuelle, préparant l'entrée à l'École
normale supérieure. La différence de trois ans entre les deux amis, et la nécessité
d'avoir le baccalauréat pour accéder à cette préparation étaient problématiques. Fargue,
évidemment, a joué malicieusement sur cette « rhétorique » à géométrie variable! Pour
dernière preuve, on remarquera que les notes du baccalauréat de juillet 1893 de Fargue,
publiées par L. Rypko-Schub, correspondent bien à la première partie du baccalauréat,
sur lequel on planche en fin de rhétorique (V e
). La seconde partie étant à l'époque
passée après la fin de l'année de « philosophie », notre terminale actuelle (mais tout
cela n'est d'ailleurs pas si vieux, puisque ces appellations sont restées en vigueur une
bonne partie du xx° siècle! ). On peut consulter sur Henri-IV le livre d'André Chaumeix,
Le Lycée Henri-IV, Gallimard, 1936.