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103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

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Jean-Christophe Valut<br />

quantité donnée de charbon pour chaque kilogrammètre de travail. Chez<br />

nous, quand le corps est fatigué, une faible quantité de travail produit <strong>des</strong><br />

effets désastreux 12. »<br />

et ses limites :<br />

« la machine ne reconnaît d'autre limite à sa rapidité que la faiblesse<br />

de l'homme à le suivre ; or la capacité d'action de la force humaine est en<br />

raison inverse du temps pendant lequel elle agit 1*. »<br />

GRÂCE à la méthode graphique exploitée par le décidément essentiel Jules-<br />

Étienne Marey, il est désormais très facile de mesurer et de quantifier<br />

les variations et les évolutions réciproques de la force et de la fatigue. Mosso<br />

revient notamment sur l'ensemble d'appareillages développés par la physiologie<br />

du xixe siècle, y compris par lui, afin de mesurer la force (les dynamomètres<br />

et les dynamographes), la contraction musculaire (les plethysmographes)<br />

et plus spécifiquement le travail et la fatigue (le fameux ergographe, poids<br />

relié aux doigts du sujet, et passant par un système d'inscription graphique).<br />

Ces instruments seront parmi les plus utilisés dans la psychologie expérimentale<br />

de la fin du xixc siècle, dans sa recherche <strong>des</strong> effets de la fatigue et <strong>des</strong><br />

stimulations « dynamogènes » susceptibles d'y remédier.<br />

Il me paraît donc tout à fait symptomatique de ce rapport au contexte<br />

que le chapitre III du Surmâle « C'est une femelle, mais c'est très fort », tout<br />

aussi théorique que le premier, ait pour apex la confrontation de Marcueil<br />

avec, précisément, un dynamomètre, même s'il s'agit plutôt ici de sa version<br />

foraine, celui du Jardin d'acclimatation. Le lieu, pour autant, n'est pas<br />

neutre : on ne saurait le lire qu'en rapport avant l'ultime confrontation avec<br />

la machine, la « machine-à-rendre-amoureux », elle aussi très forte, elle aussi<br />

femelle, qui présente le même thème de la ferraille tordue (jusque dans la mort<br />

du surmâle). Or cette scène s'accompagne d'une remarque évolutionniste de<br />

Gough selon laquelle : « En ce temps où le métal et la mécanique sont toutpuissants,<br />

il faut bien que l'homme pour survivre, devienne plus fort que les<br />

machines, comme il a été plus fort que les fauves » 1J : on voit le sens que prend<br />

alors la première confrontation homme/machine dans un lieu <strong>des</strong>tiné précisément<br />

à la présentation d'animaux dont l'homme est sorti vainqueur par son<br />

adaptation ou son « acclimatation » et dont le dynamomètre, comme « bête »<br />

constitue le rival suivant dans l'évolution. Que cette lutte soit sexuée, à partir<br />

12. Mosso, Angelo : La Fatigue intellectuelle et physique, Paris, Alcan, 1894 (trad. P.<br />

Langlois), p. 92.<br />

13. Ibid, p. 98.<br />

14. <strong>Jarry</strong>, op. cit, p. 269.<br />

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