103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
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Jean-Christophe Valtal<br />
bilité dans la fatigue. Féré, sur la base d'un travail expérimental de mesures<br />
ergographiques, défend l'hypothèse selon laquelle les excitations sensorielles<br />
et les représentations intellectuelles réduisent la fatigue et accroissent la force<br />
de travail.<br />
Dans le premier cas, il fait subir au sujet en plein effort <strong>des</strong> excitations<br />
olfactives ou visuelles, plaisantes ou déplaisantes, et en conclut :<br />
« Nous avons vu que toutes les excitations qui sont recherchées comme<br />
agréables retardent les manifestations de la fatigue et provoquent une augmentation<br />
plus ou moins considérable du travail lorsqu'il s'agit d'excitants<br />
qui touchent à la fois plusieurs sens, les effets s'ajoutent, et on peut obtenir<br />
un travail prolongé qui caractérise une sorte d'ivresse sensorielle 15. »<br />
Si ce n'est évidemment pas ce que Féré a en tête, un esprit mal tourné<br />
pourrait en conclure que la sensation agréable par excellence, celle du rapport<br />
sexuel, pourrait effectivement, à la fois comme sensation et comme effort<br />
simultanés, se nourrir elle-même indéfiniment. Cette interprétation abusive<br />
est d'autant plus tentante que Féré note que lors d'expérimentations en public<br />
la présence du sexe opposé est également dynamogène, de sorte que :<br />
« Ce pouvoir excito-moteur est, autant que j'ai pu en juger, proportionnel<br />
à l'excitation génésique 16. »<br />
Dans le second cas, celui <strong>des</strong> représentations intellectuelles, Féré tire <strong>des</strong><br />
conclusions semblables : selon lui « l'exercice de l'intelligence provoque une<br />
exagération momentanée de l'énergie <strong>des</strong> mouvements volontaires » 17, de<br />
sorte que « l'énergie d'un mouvement est en rapport avec l'intensité de la<br />
représentation mentale de ce même mouvement »'", et il suppose que cette<br />
augmentation de puissance peut aussi résulter en un accroissement de la<br />
durée de l'effort. Là encore on peut voir se <strong>des</strong>siner en ombres chinoises<br />
la figure de Marcueil qui ne présente pas au premier abord les signes extérieurs<br />
de la force physique, et qui au contraire déclenche le commentaire<br />
selon lequel « c'est un fait souvent observé, que les êtres les plus débiles sont<br />
ceux qui s'occupent le plus — en imagination — <strong>des</strong> exploits physiques » 19.<br />
Mais, en poussant à bout la logique du raisonnement de Féré, c'est précisé-<br />
15. Féré, Charles, Les variations de l'excitabilité dans la fatigue, Paris, Schleicher<br />
frères, 1901, p. 129.<br />
16. Féré, Charles, Sensation et mouvement : étu<strong>des</strong> expérimentales de psycho<br />
mécaniques, Paris, Alcan, 1897, p. 6.<br />
17. Idem, p. 7<br />
18. to/d., p. 15.<br />
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